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Voyage de l'association dans les Cotswolds - printemps 2012

La région des Cotswolds, chaîne de collines du centre de l’Angleterre, est désignée comme une « Area of outstanding Natural Beauty » : une région d’une beauté naturelle remarquable. C’est bien ce que nous avons pu constater durant ces quatre jours de visites...

Du mercredi 13 au samedi 16 juin 2012
Avec la collaboration de Mondes & Merveilles et la compagnie de Pierre de Filippis

© APJRC / Michèle QUENTIN
diaporama de photos sur notre bulletin page 17

La région des Cotswolds, chaîne de collines du centre de l’Angleterre, est désignée comme une «Area of outstanding Natural Beauty»: une région d’une beauté naturelle remarquable. C’est bien ce que nous avons pu constater durant ces quatre jours de visites, accompagnés d’une météo passable alors que nous nous étions préparés au pire! Chaque trajet, d’un site à l’autre, en car, nous a permis d’apprécier les collines verdoyantes et l’incroyable préservation du patrimoine bâti et des villages. Cette région a échappé aux effets de l'industrialisation et a gardé sa vocation pastorale; chaque parc et jardin s’ouvre sur un paysage vaste et sublime.

Arrivée à l’aéroport de Bristol comme prévu à 10h45. Notre groupe est composé d’une trentaine de participants, des «habitués» pour la majorité ce qui instaure d’emblée une ambiance des plus conviviale. Nous déjeunons à Bath, située à 25km, ville de cure thermale renommée pour ses sources d’eau chaude naturelle depuis l’antiquité – on peut visiter les bains romains - mais également pour sa très belle architecture du XVIIIème siècle, une cité classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1987.

Jardins d’Iford Manor
Visite des jardins de l’ancienne résidence d’Harold Peto (1854-1933), célèbre paysagiste à qui l’on doit un grand nombre de jardins de référence du début du XXème siècle. De 1899 à 1933, Harold Peto conçoit à Iford Manor des jardins en terrasses dans le style italien. Au début du XXème siècle, il installe un musée lapidaire et un cloître romain abritant des antiquités. Le manoir, édifié en 1730, est construit avec une roche calcaire qui lui donne un aspect net et albescent. Les premières marches qui conduisent aux terrasses sont bordées d’Erigeron karvinskianus, innombrables petites pâquerettes pour vieilles pierres. Les jardins secrets semblent réservés aux seuls initiés, les grands cyprès nous transposent en Italie pour nous mener quelques mètres plus loin dans la fraicheur d’une source et la mi-ombre d’une scène japonaise délicieusement calme et romantique, accentuée par le dégradé de couleurs des arbres plantés dans la pente. Puis, le chemin s’ouvre sur une prairie fleurie ornée d’un platane séculaire et débouche sur le cloître inondé de lumière. L’architecture picturale joue avec le panorama. Partout où l’œil s’arrête, s’ouvrent des portes ou des vues sur le paysage.
Aujourd’hui, les actuels propriétaires préservent les lieux et organisent un festival d’opéra et des concerts de jazz.
Harold Peto (1854-1933) est l’un des principaux architectes de jardins de l’époque Édouardienne, réalisant un grand nombre de jardins en Angleterre et dans le Sud de la France. Durant cette période du début du XXème siècle, le style Arts and Crafts reprend un style plus formel, avec le sens du lieu et la vie dans un jardin, dont s’inspire Peto: le jardin s’organise différemment autour de la maison, l’architecture se prolonge dans le jardin avec des terrasses, une imposante topiaire et l’usage de pergolas, rotondes, temples… En fervent admirateur de la Renaissance italienne, Harold Peto va utiliser ces éléments architecturaux dans ses créations pour attraper le regard du visiteur au-delà des compositions fleuries: ‘Old buildings or fragments of masonry carry one’s mind back to the past in a way that a garden entirely of flowers cannot do’

Jardins de Rodmarton Manor
Exemple typique du mouvement Arts and Crafts; l’architecte Ernest Barnsley fait appel en 1909 à des artisans des Cotswolds pour construire la demeure et réaliser son mobilier aux normes du courant novateur, en utilisant la pierre locale, le bois et le savoir faire des maîtres ouvriers locaux. Le jardin suit le mouvement avec d’architecturales topiaires et un plan d’ensemble structuré en chambres. Chaque espace montre un jardin différent, des plantes alpines aux plantes culinaires, de nombreux arbustes, avec une grande diversité botanique.
Les imposantes plates-bandes fleuries sont séparées de l’allée de gazon par une large bordure de pierre. Nous retrouverons ce dispositif dans d’autres jardins. Elégant et pratique, il permet une tonte facile du gazon et préserve les plantes qui débordent du massif et s’étalent.
Un spectaculaire mixed border abrite de très intéressantes vivaces d’une remarquable vigueur. Les passionnés remarquent les très grosses fleurs pourpres de l’Astrantia major ' Gill Richardson', un Dictamnus albus particulièrement érigé et florifère, l’Iris sibirica ‘Silver Edge’, d’un bleu très pur et son cousin ‘Ruffle Velvet’, le Geranium pratense ‘Mrs Kendall Clark’ qui donne toute la saison des fleurs bleu lavande veinées de blanc. Le jardin de roses mélange espèces anciennes et modernes, comme le rosier ‘Arthur Bell’ – obtenteur Mac Gredy 1965, arbustif, fleur double jaune - dont le parfum est envoûtant. Pour terminer, une belle plante ornementale à ne pas oublier dans son jardin: l’Achillea grandiflora au grand feuillage découpé à odeur de camomille qui nous a tous séduit.

Les deux journées suivantes nous emmènent au cœur des Cotswolds, nous faisant traverser les charmants villages typiques de la région - tels Bourton-on-the-Hill ou Moreton-in-the-Marsh - entourés d’une campagne vallonnée et verdoyante.

Jardins de Bourton House
En 1983, M. et Mme Richard Paice deviennent les propriétaires de Bourton House et s’attachent jusqu’en 2010 à sauver cet endroit en déshérence, en aménageant des jardins autour des anciens bâtiments en pierre de Cotswolds et de l’élégante demeure baroque. Aujourd’hui, Bourton House Garden a changé de propriétaire mais l’équipe de jardiniers continue à entretenir méticuleusement ces jardins historiques réinterprétés qui ont obtenu en 2006 le prix des jardins de l’année par l’Historic House Association et Christie’s. Le site est toujours l’un des jardins préférés de la presse anglaise. On y trouve tout: des gazons impeccablement entretenus, des salles de verdure, des jardins d’ombre et de lumière, de nombreuses bordures herbacées, des topiaires, des arbustes, des vivaces et des plantes exotiques, des dégradés de couleurs et des plates bandes luxuriantes, un knot garden, un potager, des serres et bien sûr une boutique dernier cri dans la grange dîmière. Sans oublier le remarquable travail de palissage en cordons d’un pyracantha sur la facade sud-ouest de la maison.
Un peu d’histoire: les premiers knot gardens ont été élaborés en Angleterre sous le règne d’Elizabeth I (1533-1603). Le knot garden caractérise un petit jardin de composition formelle conçu dans un cadre carré et composé le plus souvent d’une variété de plantes aromatiques et de buis, formant un dessin avec des entrelacs. Le contraste des végétaux accentue l’entrelacement et le dessin semble être tressé et constitué de nœuds.

Jardins d’Upton Wold
Nous sommes reçus par Caroline et Ian Bond, tous deux grands experts en plantes et créateurs du jardin depuis plus d’une trentaine d’années, avec l’aide de fameux paysagistes. Cet endroit «caché» et privé bénéficie d’une splendide vue sur le paysage préservé environnant. Les agencements subtils font du jardin un endroit unique et plein de charme, avec des coins secrets et de larges perspectives ouvertes. La prairie ondulante sur le coteau, percée d’un chemin tondu, abrite la majeure partie de la collection nationale de noyers; le propriétaire nous assure qu’il s’agit même de la collection internationale! L’entrée de l’arboretum est marquée d’une monumentale sculpture de pierre représentant une noix, œuvre de Caroline Bond en 2000.
Deux jardiniers secondent les Bond dans l’entretien des nombreux espaces qui respirent le soin et la qualité. Au delà du large réseau de haies, des végétaux rares et inhabituels sont mélangés à une profusion de vivaces, graminées et bulbes. On peut citer Lonicera tragophylla 'Maurice Foster', un chévrefeuille arbustif chinois, Emmenopterys henryi, rare arbre chinois de taille moyenne, à la floraison en septembre très parfumée (considérée comme une des plus belle par Ernest Wilson, il semble cependant que cet arbre ait besoin d'un été chaud - plusieurs semaines à plus de 24°C - pour arriver à fleurir...), le rare et fragile Drimys winteri, originaire d’Argentine et du Chili. Egalement au feuillage persistant, une vigoureuse liane chinoise, Holboellia coriacea, dont la floraison blanche parfumée au printemps est suivie d’une fructification originale. Quant à l’Heptacodium miconioides, on ne sait pas si l’on préfère sa floraison tardive ou son écorce crème s’exfoliant? Idem pour le Dipelta yunnanensis à la floraison tubulaire printanière et à l’écorce claire, telle une parure hivernale.
Le Buddleja crispa, originaire de l’Himalaya, présente de belles feuilles persistantes à semi-persistantes, duveteuses, gris argenté presque blanc; la floraison estivale en panicules rose lilas est parfumée. Caroline Bond a fait quelques boutures du specimen de son jardin, qu’elle nomme Buddleja crispa agathasoma.

Sezincote
Le nom de Sezincote dériverait de Cheisnecote «La maison des chênes», «Cheisne» venant du français chêne et «cot» signifierait un logement ou un abri en vieil anglais.
Le colonel John Cockerell achète le domaine en 1795 à son retour du Bengale. Après sa mort en 1798, son frère cadet, Charles Cockerell, hérite de la propriété et demande à son autre frère, l’architecte Samuel Pepys Cockerell de lui bâtir une demeure dans le style moghol.
Le paysage a été conçu par Humphry Repton (1752-1818), le dernier grand architecte paysagiste anglais du XVIIIème siècle, souvent considéré comme le successeur de Lancelot C. Brown (1715-1783), plus connu sous le nom de Capability Brown, LE jardinier de l’aristocratie anglaise, à qui il avait l’habitude de dire que leur jardin avait de «grandes capacités»… Sa vision du parc paysager comportait de larges pelouses vallonnées agrémentées de chemins courbes, des bouquets d'arbres, plantés avec le plus grand soin pour donner l'impression d'une scène naturelle, de cours d’eau et d’éléments d’architecture multiples: ruines gothiques, fabriques néo classiques, temples, pavillons, ponts...
Un concept initié par William Kent (vers 1685-1748), père du Landscape gardening. Mais, si William Kent saute la barrière conceptuelle des frontières historiques du jardin européen, c’est Capability Brown, avec des réalisations de grande envergure, qui détruit les limites physiques de l’enceinte du jardin, en utilisant le «haha», et ainsi le jardin s’étend à l’infini, il devient paysage.
Humphry Repton aurait inventé le néologisme Landscape gardening, un jardin qui se dissout dans l’infini du paysage tout en étant gouverné esthétiquement par l’homme. Grâce à sa technique des perspectives «avant et après» - projets présentés aux clients dans des fascicules appelés Red books, Repton continue de diffuser cette nouvelle culture. A Sezincote, une longue avenue plantée de chênes donne accès à un parc à l’anglaise aux accents «reptoniens» avec de très beaux arbres et des vues sur les collines des Cotswolds. L’architecture particulière de style Moghol du bâtiment s’accompagne d’un jardin combinant éléments hindous et islamiques ainsi que deux monumentaux éléphants de pierre. Lady Kleinwort de retour des Indes, aidée par Graham Thomas, installe le Paradise Garden à la fin des années 1960, copie d’un traditionnel jardin persan. L’orangerie, reconvertie en salon de thé so british, prolonge en arc de cercle la demeure et se termine par un petit pavillon surmonté d’un minaret. Dans la partie haute du parc derrière la maison, un temple hindou fait face au pont d’entrée en pierre flanqué de statues indiennes. De nombreuses plantes insolites bordent le chemin d’eau, arbres, arbustes et vivaces dont un magnifique Rodgersia pinnata ‘Superba’ aux panicules fleuries rouge corail.
Pour décrire Sezincote, laissons parler le critique Sir Simon David Jenkins dans son guide sur England's Thousand Best House: “Sezincote is a quiet Regency villa, clothed in the garb of Fatehpur Sikri».

Jardins de Stone House
Ce jardin de cottage créé il y a une vingtaine d’années par la paysagiste Katie Lukas s’étale sur un hectare. Il est conçu comme une succession de chambres de verdure avec néanmoins de grandes ouvertures sur le paysage. Cette visite rend bien compte de la nécessité de toujours réfléchir au préalable à la structure d’un espace de taille moyenne de façon à en faire ressortir les meilleurs éléments; les vues sur la campagne environnantes sont autant d’espaces de respiration indispensables accompagnant la découverte du jardin clos. Plus le jardin sera dense en diversité végétale, plus le promeneur aura besoin d’apaiser son regard. La propriétaire de Stone House manie cet art avec dextérité. L’intimité, la profusion végétale et la richesse botanique de chaque chambre s’allie à un cheminement agréable et diversifié, en harmonie avec la nature spécifique des Cotswolds. Traitements naturels, paillage, compost, les floraisons s’étalent toute l’année. De nombreux bulbes et des héllebores égaient les plates-bandes ombragées tandis que de luxuriantes vivaces font éclater leurs couleurs en plein soleil. Arbres et arbustes choisis avec soin dessinent l’ossature des jardins, plantés pour leur forme, la couleur de leur feuillage, leur floraison ou leur fructification qui apporteront une note différente à chaque saison. Une visite si agréable qu’on en oublie de noter le nom des plantes….

Buscot Park
Notre rendez-vous suivant nous mène dans une grande propriété de plus de 50 hectares de jardin où Harold Peto fut appelé en 1916 pour l’organisation des espaces autour de la maison. Aujourd’hui, le site fait partie du National Trust mais Lord et Lady Faringdon ont négocié un avantageux usufruit. Ce sont eux qui nous accueillent, exceptionnellement. Lord Faringdon nous accompagne dans notre promenade et nous gratifie d’une visite privée du château. La célèbre collection Faringdon est constituée d’œuvres d’art dont les fameux panneaux peints d’Edward Burne-Jones "The Rose Bower" tirés de "The legend of Briar Rose». Un églantier court sur les quatre grands panneaux qui ont été complétés vers 1890 par d’autres panneaux après que Burne-Jones, alors en visite chez son ami William Morris à quelques kilomètres de là, trouve que la série achetée était mal accrochée dans le salon et que l’ensemble méritait des améliorations!
Lord Faringdon nous ouvre également la porte de son espace privé, nous permettant de découvrir la ravissante maison en bois «odorant» qu’il a fait venir d’Amérique «C’est agréable de vivre dans un plumier!» s’exclame-t-il avec un humour très anglais qui ne le quittera pas durant toute la visite.
Les serres, trop coûteuses d’entretien, ont été détruites et l’espace est maintenant dévolu à des jardins. Une longue pergola est plantée de glycines et d’arbres de Judée. Des murs de briques avec des contreforts mettent en valeur les plates-bandes fleuries. Ici, les végétaux sont plantés dans 50cm de compost et 15cm de compost sont épandus dans les massifs tous les deux ans, les plantes bénéficient aussi de 2 traitements et de 2 distributions d’engrais par an. Vivaces et rosiers débordent donc de santé et les nombreux rosiers Rose de Resht (Damas - arbustif remontant - fleur double rose magenta – introduit d’Iran par Miss Lindsay en Angleterre en 1940) embaument dans le «Four Seasons Walled Garden».
Il faut un certain temps pour explorer les vastes jardins d'agrément qui entourent la maison construite à la fin du XVIIIe siècle et remaniée au XIXème siècle. De très belles perspectives et la configuration globale rappellent l’implantation du jardin paysager du XVIIIème siècle. Vers 1860, le propriétaire Robert Campbell apporte des modifications dans le parc, replante des essences et met en place d’autres perspectives. Au début du XXème siècle, Harold Peto est invité à Buscot pour travailler sur l’agencement de liens entre la maison et le lac. Il aménage alors le célèbre jardin d'eau entre les terrasses nord et le lac. Il ajoute également une nouvelle esplanade semi-circulaire sur la façade sud de la maison, la délimitant par des murs en pierre et des balustrades qu’il double d’une série d’ifs pour mettre mieux en avant la sculpture de Diane chasseresse. La promenade vers le lac est un grand moment de plaisir pour les amateurs de jardin; la scène finale est grandiose, lorsque le lac se dévoile dans son immensité. Parallèlement au jardin d’eau créé par Harold Peto, d’autres espaces se découvrent dans le parc qui est en perpétuelle évolution. Lord et Lady Haringdon mènent une campagne active de replantation et invitent de nombreux paysagistes et artistes renommés qui laissent ici leurs idées et leur empreinte.

Jardins de Westwell Manor
Près d’Oxford, les jardins d’Anthea Gibson, paysagiste renommée récemment disparue, sont une vaste suite d’espaces représentatifs des jardins du XXème siècle. Sur 2,5 ha, nous découvrons un catalogue de tout ce que l’on peut désirer, certes avec des notes inventives et beaucoup de soin mais dont l’ensemble fait tourner la tête. Je n’ai pas compté le nombre de jardins présentés mais l’on passe du potager traditionnel, de la colline Land Art, du jardin blanc, du mixed border classique au jardin du Clair de Lune, au jardin méditatif et à la haie de tilleuls aux troncs tressés. Coté pelouse, pelouse anglaise, bien sûr, on peut y découvrir toutes les subtilités de hauteur de tonte et toutes les déclinaisons esthétiques et sophistiquées de passage de tondeuse. L’eau évidemment est mise à l’honneur: bruissant, chuchotant, courant le long de haies; champêtre en miroir dans des bassins bordés de pierres anciennes ou ténébreuse d’un noir de geai pour la piscine Art! On y trouve de tout: un jardin orné d'un cadran solaire, un jardin de pots, une prairie où un espace circulaire est prévu pour s'asseoir, un verger, une série de topiaires, une roseraie, une mare à nénuphars, une terrasse de lavandes, un mur de clématites, des haies en osier, en noisetier et autres végétaux adaptés, et, paraît-il, une rizière miniature où pousse du riz de Camargue…

Jardins d’Hidcote
Le major Lawrence Waterbury Johnston (1871-1958) est un militaire britannique et créateur de jardins renommés. Américain né à Paris, il se fait naturaliser anglais et rejoint l’armée pendant la deuxième guerre des Boers et la première guerre mondiale. Il acquière Hidcote Manor en 1907 avec sa mère et entreprend la réalisation du jardin durant une quarantaine d'années. En 1948, il cède le domaine au National Trust et décide de s'installer en France. Là, il se consacre à son autre jardin, la Serre de la Madone, à Menton, sur lequel il travaille jusqu'à sa mort en 1958.
Collectionneur de plantes enthousiaste et grand voyageur, Lawrence Johnston finance et entreprend à partir de 1920 plusieurs expéditions en Europe, en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud pour rapporter des spécimens rares qu'il installe dans ses jardins.
Si la demeure d’Hidcote, une ancienne ferme réaménagée et agrandie par le major Johnson, reste assez simple, les jardins structurés qui l’entourent sont d’une incroyable sophistication. Chambres de verdure, vues et perspectives alternent dans une composition remarquable. L’espace est composé de salles entourées de haies diverses permettant à la fois d’abriter une collection de plantes, sur un thème choisi et d’attirer le regard vers des points de perspective intérieure qui changent régulièrement: on regarde devant, latéralement, en biais, on accède aux chambres et aux vues par des escaliers, des pentes, une pergola… La découverte de ce jardin est une gymnastique perpétuelle de l’œil et de l’esprit, sans occasionner de fatigue ni de lassitude. La composition magistrale fait obstacle à l’excès et la déambulation s’avère magique. La complexité raffinée des structures, des niveaux, des matériaux détermine donc un lieu qui mérite sa renommée internationale. Beaucoup d’auteurs s’accordent à écrire que la connaissance botanique et la fantaisie de Lawrence Johnson faisait à la fin du jardin d’Hidcote une «jungle envoûtante et turbulente» dans un cadre formel. Il est peut-être à regretter que le créateur ne soit plus là pour nous envoûter par des plantations que l’on ne retrouve plus aujourd’hui.
Longtemps en déshérence, la Serre de la Madone est propriété du Conservatoire du Littoral depuis 1999, gérée par la ville de Menton. Depuis le 21 septembre 2000, le jumelage entre Hidcote et Serre de la Madone – à l’époque une première européenne entre deux jardins - permet des échanges de jardiniers et de plantes pour l'enrichissement mutuel des deux jardins.

Jardins de Kiftsgate
Tout près se trouve un autre jardin célèbre, dont la propriétaire bénéficia des conseils éclairés de son illustre voisin. Autour d’une demeure construite à la fin du XIXème siècle, trois générations ont créé ces jardins: Heather Muir, qui fut influencée et conseillée par son ami et voisin d’Hidcote, puis sa fille Dina Biny et sa petite-fille Anne Chambers. Les jardins, déjà réputés, ouvrent au public en 1971.
La composition architecturale des chambres de verdure, moins spectaculaire qu’à Hidcote, regorge néanmoins de trésors botaniques. La large plate-bande en face de la maison est tout en fleurs. A l'est du jardin, le fameux parterre jaune offre une palette d'herbacées bleues, jaunes et oranges, mêlée aux nuances vertes des feuillages. La roseraie se situe parallèlement au parterre, on y trouve entre autres le rosier ‘Kiftsgate", une variété unique de Rosa filipes, découverte à Kiftsgate dans les années 1940.
Nous remarquons la ravissante Amsonia tabernaemontana, une vivace formant une touffe et dont les tiges souples portent en été des bouquets pendants de petites fleurs tubulaires d’un joli bleu pâle, le petit Geranium harveyi ‘Silver geranium’ à la fleur rose magenta et au feuillage argenté, le doux feuillage d’Helichrysym ‘Sulfur Light’ et le Geranium nodosum ‘Whiteleaf’ à la fleur violette marginée de mauve qui accompagne la giroflée Erysimum 'Bowles Mauve'.
Une autre jolie association: Dictamnus albus purpureus, une vivace dressée à fleurs parfumées en forme d’étoile, rose mauve en grappes, à côté d’un sedum pourpre. Nous retrouvons un specimen de Rodgersia pinnata ‘Superba’ mais moins spectaculaire dans la couleur de ses fleurs que celui de Sezincote. De grands arbustes fleuris nous attirent: Hydrangea xanthoneura wilsonii, originaire de Chine et découvert par Wilson en 1908; Deutzia hybrida ‘Joconde’ aux boutons floraux rose-rouge et à la floraison blanc rosé ainsi que le très florifère Deutzia monbeigii constellé de petites fleurs blanches qui font ressembler l’arbuste à une étoile brillante. La grande plate-bande près des serres abrite un superbe lilas de 3/4m, couvert de fleurs pendantes tubulaires, rose pâle s'ouvrant blanc nacré et embaumant à des mètres à la ronde. Serait-ce le Syringa komarowii ssp. reflexaqui est dans le catalogue des Barres ?
Nous apprécions également le petit jardin de fougères et d’alchémilles qui se trouve après le passage d’un arceau taillé de Sorbus aria ‘Lutescens’ se prolongeant par une haie sombre d’ifs taillés. Très chic!
Anne Chambers et son époux ont transformé l'ancien court de tennis en jardin d'eau contemporain, le jardin du «Millenium»: encadré de gazon, un large bassin rectangulaire rempli d’eau noire sert de support à vingt-quatre tiges d'acier ornées de feuilles de bronze doré.
La très forte déclivité du terrain n’a pas empêché l’implantation de jardins dans la pente. Une pancarte indique Lower Garden. Allons-y! Le long du chemin escarpé qui descend, la reconnaissance des végétaux plantés montre que le climat est particulièrement doux et bienveillant…. Donc juste un regard pour cette ravissante Hebe hulkeana aux délicates fleurs mauves et à l’intéressant feuillage. La descente est abrupte et mène à la piscine construite dans les années 1960. La vision finale est stupéfiante. Une terrasse semi-circulaire engazonnée présente en son centre un bassin semi-circulaire bordé de pierre; grâce à un saut de loup, l’ensemble semble flotter sur le paysage grandiose qui s’offre devant nous.

Jardins de Packwood House
Graham Baron Nash donne la propriété au National trust en 1941.
Le célèbre jardin de topiaires a été aménagé vers 1650 par l’avocat John Fetherston. Les ifs sont censés représenter «Le Sermon sur la Montagne». Douze grands ifs sont connus comme«les apôtres» et les quatre grands spécimens dans le milieu sont « les évangélistes» Le chemin monte vers un monticule appelé «le mont». L’if qui couronne le sommet est connu comme «le maître». De nombreux autres ifs taillés en topiaires ont été plantés au XIXème siècle et complètent la fameuse collection.
Les jardins de Packwood House sont également renommés pour leurs bordures herbacées et nous en avons la preuve sous les yeux. Cette dernière visite nous montre l’étendue de la connaissance des jardiniers en matière de botanique, d’association et de juxtaposition des végétaux et d’utilisation de la palette chromatique. La grande bordure face à la maison fait l’unanimité de tous, elle se déroule comme un tapis harmonieux ondulant au vent où le coloriste génial a décliné les camaïeux de nuances bleues, mauves, pourpres et violettes qui s’expriment librement. Des feuillages larges ou finement découpés, aux tons vert, gris et parfois pourpres rehaussent discrètement chaque floraison. Quelques graminées appo