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Une journée à la pépinière de Bagatelle et ses végétaux de collection - septembre 2008

La pépinière de Bagatelle présente une production dont l’originalité réside dans la culture de végétaux de collection.

© APJRC / Michèle QUENTIN

Installée à Vannes sur Cosson, petit village situé au cœur de la Sologne, la pépinière de Bagatelle présente une production dont l’originalité réside dans la culture de végétaux de collection.

En 1992, Rodolphe Beaubois achète un terrain de 6.5 ha et commence à planter dès l’année suivante. Aujourd’hui, la collection s’étend sur 4 ha. Le sol sableux retient mal l’eau et l’installation d’un arrosage à partir de bouche d’eau permet aux végétaux de garder une certaine humidité, indispensable pendant les premières années de croissance. Le PH est de 5.5 à 5.7, le terrain est constitué de veines de sable de 1.2m de profondeur posées sur l’argile et à certains endroits, la couche d’argile n’est qu’à 20cm de la surface. L’apport fréquent de mulch, broyé sur place, permet d’enrichir le sol. Maladies et pucerons ne sévissent pas sur la propriété. Rodolphe Beaubois tond régulièrement (sauf en présence de champignons) et essaie de tenir «propre» le pourtour de chaque arbre.
Quelques bosquets de chênes locaux subsistent au sein de la collection d’arbres, constituée de 750 taxons différents. L’an dernier un travail de nettoyage et de revalorisation a été effectué devant la maison; la 2ème phase de plantation va consister à enlever quelques derniers chênes, dessoucher et replanter de nouveaux ligneux. L’espace est clos, néanmoins lièvres et lapins font régulièrement des dégâts.
Passionné depuis sa jeunesse, Rodolphe Beaubois a d’abord cultivé les plantes de façon autodidacte avant d’entreprendre des études spécialisées. En dehors de son travail à la pépinière, il est professeur dans une école d’horticulture. Sans dédaigner les cultivars, son engouement se porte vers les espèces botaniques en privilégiant celles adaptées à la terre de Sologne. «Oublié le pin de Montezuma! Mais j’ai obtenu des réussites avec certains eucalyptus, d’origines montagneuses. Sur une quarantaine d’espèces observées, cinq résistent bien ici.»

Tous les arbres de la collection sont semés ou bouturés, mais aucun n’est issu de greffe. Les plantations sont distantes de 6 à 8 mètres, bien que le propriétaire trouve cela insuffisant. Rodolphe Beaubois essaie de travailler sur les volumes, les formes, les parfums, les couleurs d’automne et ne tient pas compte de la répartition géographique des sujets plantés.
Nous admirons un Pinus breweriana d’une trentaine d’années, un Eucalyptus niphophila cultivé en cépée, ainsi que plusieurs espèces de Phellodendron, aux graines parfumées.
Un Osmanthus heterophyllus, âgé de 12 ans, présente très peu de feuilles dentées; Rodolphe Beaubois nous explique qu’avec l’âge, les feuilles de cette espèce ont tendance à devenir lisses.
Le Cladastris lutea, dont la floraison estivale embaume (à partir de 20 ans!), commence à jaunir. Il faut également attendre 20 ans pour que le tronc du Pinus bungeana révèle son fameux graphisme. Un Liquidambar formosana, au port étalé, a déjà commencé à prendre sa couleur automnale qu’il gardera jusqu’en décembre si le gel n’est pas trop fort.
«J’ai semé cet Alangium platinifolium, c’est un ravissant petit arbre asiatique dont les nervures des feuilles sont rouges. Vous pouvez aussi remarquer deux autres espèces asiatiques: Poliothyrsis sinensis et Disanthus cercidiphyllum dont le feuillage vert clair va rougir à l’automne.»
Rouge vif sera le feuillage de l’Acer tataricum dans quelques semaines.
Mais le petit «chouchou» de Rodolphe Beaubois est sans conteste Halesia carolina, petit arbre originaire du sud-est des Etats Unis, à port étalé, produisant de nombreux bouquets de fleurs blanches en clochettes pendantes au printemps, ce qui lui a valu son nom d’arbre aux clochettes d’argent.
Près de la clairière, un groupe d’érables est composé d’un ravissant érable japonais issu de semis, d’un A. circinatum et d’un A. nikoense. Un Quercus palustris d’une douzaine d’années ne semble pas souffrir de manque d’eau dans le sol sableux; à ses côtés s’épanouit un hêtre à feuilles laciniées. Un autre groupe d’arbres comprend Pinus ponderosa, P.virginiana au port étalé, P. strobiformis, Pseudolarix amabilis, Nothofagus antartica et un Quercus myrsinifolia en cépée formant un dôme imposant.
Nous remarquerons plus loin un autre chêne persistant: Quercus phillyreoides, utilisé en haies taillées au Japon. Un Quercus imbricaria mesure ici 18mètres après 10 ans; les jeunes sujets de cette espèce américaine ont un feuillage marcescent.
Au fur et à mesure que les arbres poussent, l’herbe est envahie de mousse mais cela ne dérange pas le propriétaire. Nous notons d’autres sujets intéressants: Castanea henryi, Cotoneaster bullatus, Euonymus planipes très ornemental pour sa fructification rouge et ses couleurs d’automne, Sassafras albidum aux feuilles polymorphes et un Heptacodium jasminoides au tronc qui desquame, et à la délicate floraison blanche parfumée laissant place à des sépales rouges perdurant jusqu’aux gelées.