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Une journée dans l'est du Loiret chez nos adhérents - mai 2012

Au cœur du Bocage Gâtinais, découverte du "jardin littéraire" du château du Bignon Mirabeau et rencontre avec le créateur du jardin des Dentelles.

22 mai 2012 : Visites de jardins privés dans l’est du Loiret
© APJRC / Michèle QUENTIN

Au cœur du bocage gâtinais, le château du Bignon est classé «Maison d’écrivain».
Demeure du poète Patrice de la Tour du Pin qui y passe une partie de son enfance et, plus tard, y puise son inspiration, publiant, à 22 ans, son premier recueil La Quête de joie.
Nous sommes reçus par M. et Mme d’Aboville pour une découverte du «Jardin littéraire», créé en 2011 à l’occasion du centenaire de la naissance du poète, père de l’actuelle propriétaire. C’est Françoise Lenormand, architecte paysagiste conceptrice du projet, qui nous guide pour une visite explicative.

L’ensemble s’appuie sur quatre anciennes terrasses situées au nord-est du château, réaménagées en 1881 par le célèbre paysagiste Achille Duchêne. En s‘appuyant sur les écrits du poète et une citation d’Anne de Bléville: «l’œuvre de Patrice de la Tour du Pin est construite comme une cathédrale», Françoise Lenormand a imaginé un nouveau jardin au parcours «théopoétique du végétal» où chaque terrasse représente à la fois une étape de ce processus poétique et un élément constituant de la cathédrale.
La première terrasse est le «jardin de la joie», allusion à La quête de joie. L’écrivain, grand amateur de plantes alpines, cultivait ici des specimens rapportés de ses voyages en montagne. La composition des topiaires d’ifs et les allées dallées rappellent la structure de la pensée et de l’art à travers le motif végétal, alors que les massifs fleuris de vivaces évoquent la nature, source d’inspiration.
La deuxième terrasse se compose d’une succession d’ifs taillés, de boules de buis disposées symboliquement, d’étendues de graminées rappelant la prose. C’est la nef, le «jardin des secrets», évoquant le jeu de l’homme devant les autres.
La troisième terrasse, «la pergola de roses», se situe à la croisée des chemins et représente le transept de la cathédrale. Le visiteur peut abandonner son ascension et flâner sous la longue pergola - le paradis terrestre - ou se perdre dans les massifs de gauras en fleurs. Il atteindra la révélation sur la dernière terrasse, dite «des dédicaces» sur laquelle un complexe jeu de buis et de cyprès fait allusion au ciel ouvert aux hommes qui ont suivi la voie du juste…
Ces deux dernières terrasses constituaient le potager au temps du poète. Madame d’Aboville nous entraîne vers la grande serre semi-circulaire, magnifique exemple de l’architecture de verre du XIXème siècle. Celle-ci était le lieu d’expérimentation de son père et de prédilection de sa mère, qui y préparait tous ses semis de fleurs.
Ce jeune jardin méritait les explications détaillées de notre guide. Le projet constitue la première étape d’un plan de restauration s’étendant sur plusieurs années et prenant en compte l’ensemble du domaine, notamment le grand parc paysager.

La visite est suivie d’une présentation, par la déléguée de l’association, de l’Histoire des Jardins du Moyen Âge à nos jours, dans une salle de château mise à disposition par nos hôtes. Puis nous rejoignons le Moulin des Aulnes où nous sommes accueillis chaleureusement pour un délicieux et fort sympathique déjeuner «sous la tonnelle».

La journée se termine par une visite au Jardin des Dentelles, tout proche. Patrice Gellet nous entraine dans son jardin de sous-bois, présente ses nouveautés, nous donne quelques conseils, bien utiles après l’hiver rigoureux qui a sévi. Nous pourrions suivre des heures ce passionné de plantes qui les chouchoute comme de jeunes enfants et sait les mettre en scène. Son petit jardin d’ombre et de mi-ombre nous séduit toujours, les rayons du soleil traversent les feuillages des arbres et une douce lumière éclaire les massifs tapissants, jouant avec les différentes tonalités de vert. Cette invitation à la promenade et à la découverte de plantes belles et méconnues nous entraîne évidemment, et heureusement, dans la pépinière où nous pouvons chacun emporter un souvenir de cette apaisante visite.