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Une journée dans les coulisses de Chenonceau - septembre 2007

Une journée dans les coulisses de Chenonceau. Le château de Chenonceau est tout à fait particulier dans son rapport architecture et paysage. C’est un bâtiment pont, une sorte de bâtiment paysage. La présence du parc et le rapport du parc, de l’eau et du château, forment une unité complète. À Chenonceau, deux femmes puissantes, la reine Catherine de Médicis et la favorite du roi, Diane de Poitiers, ont marqué l'histoire de leur empreinte.

© APJRC / Michèle QUENTIN

Une journée dans les coulisses de Chenonceau.
Le château de Chenonceau est tout à fait particulier dans son rapport architecture et paysage. C’est un bâtiment pont, une sorte de bâtiment paysage. La présence du parc et le rapport du parc, de l’eau et du château, forment une unité complète. À Chenonceau, deux femmes puissantes, la reine Catherine de Médicis et la favorite du roi, Diane de Poitiers, ont marqué l'histoire de leur empreinte.

L’histoire commence avec Katherine Briçonnet, la première dame de Chenonceau : un château en forme d’île, posé au beau milieu du Cher... Un petit bijou récupéré par Diane de Poitiers, la favorite d’Henri II qui va s’adonner à l’une de ses passions : les jardins. Le jardin de Diane, d’inspiration renaissance, sera créé à cette époque. A la mort d’Henri II, Catherine de Médicis récupère le château et aménage un autre jardin en pendant de celui de Diane. Et une dernière grande dame de Chenonceau, Louise Dupin, permettra grâce à ses amitiés littéraires de sauver le château de la destruction à la Révolution.
Juste équilibre entre pierre, eau et végétal, la vraie nature du château, sensible dès le franchissement de la grille d’entrée, ce sont ces jardins. Témoignage du raffinement de leurs inspiratrices, les jardins à la française de Diane de Poitiers et Catherine de Médicis participent à la magie des lieux, tout comme le parc boisé aux arbres séculaires et les hauts platanes de l’allée centrale, escortés de petits canaux. Ils sont entretenus quotidiennement et aménagés en permanence. Les plantations, renouvelées au printemps et en été, nécessitent la mise en place de 130 000 plants de fleurs, cultivés sur le domaine.
Alain Roger, jardinier chef du domaine, nous fera partager sa passion pour les jardins de Chenonceau tout au long de la matinée.

Le labyrinthe
Le labyrinthe aux deux mille ifs, dessiné sur un plan italien de 1720, nous rappelle que s’il est un domaine où la Renaissance mérite bien son nom, c’est celui de l’art des jardins. Une charmille l'entoure, ponctuée de vases plantés de buis et de lierres.

Restructuré en 2005, le labyrinthe circulaire est planté de 2000 Taxus baccata, de 1,30m de hauteur. Au centre, la gloriette surélevée permet d'avoir une vue d'ensemble et de pouvoir admirer le tracé. Les visiteurs pénètrent dans le labyrinthe par l'une des cinq entées, cependant seuls deux chemins mènent à la gloriette. Elle est habillée d'osier vivant, et surmontée d'une statue de Vénus. À ses côtés, au sommet d'un tronc en bois de cèdre, une statue représentant une nymphe portant Bacchus enfant sera bientôt envahie de jasmin. Conçue en bois d'irroco, bois très résistant aux intempéries, elle vieillira en prenant une teinte gris argenté, comme le chêne.

Le jardin de Diane
Le jardin se trouve bordé de murs de soutènement et de terrasses.
La décoration repose sur huit triangles de gazon, lequel est agrémenté de volutes de Santolines d'une longueur totale de 3 000 m. En son centre, le Jardin de Diane a retrouvé son jet d'eau d'origine en 2005.
Les murs de soutènement sont habillés de 120 Rosiers Grimpants Iceberg et sur lesquels reposent 30 vasques. Des arbustes sont plantés dans l'axe des plates-bandes qui entourent le gazon : ifs, fusains, buis, lauriers-tin et lauriers du Portugal. Plus d’une centaine d’hibiscus sur tiges fleurissent en été.
Les plates-bandes elles-mêmes sont plantées deux fois par an de 30 000 à 32 000 plants pour chaque plantation :
Les plantations de printemps : pensées jaunes, bleues, roses blanches, selon le thème de la décoration, pâquerettes roses ou blanches et bulbes: jonquilles et myosotis.
Les plantations estivales : pétunias, tabacs, dahlias nains, impatiens, verveine ou encore bégonias. Les plantations en oblique de chaque variété d’annuelles donnent un effet visuel naturel aux plantations. La promenade sur la coursive supérieure permet d’admirer la ligne des courbes du jardin et ses motifs géométriques.

Le jardin de Catherine
Le jardin est bordé à l'est d'une côtière délimitant les douves, plantée sur sa longueur d’une quarantaine de rosiers ‘Clair Matin’. Côté nord, c’est un treillage de bois garni de lierre qui localise la limite. Le dessin du jardin repose sur cinq panneaux de gazon regroupés autour d'un bassin de forme circulaire de 15 m de diamètre. 40 boules de buis sont plantées aux abords des panneaux de gazon. Des cordons de lavande ‘Hidcote Blue’ bordent le gazon : 1 500 pieds composent le tout.
200 Rosiers tige ‘The Fairy’ sont plantés dans les plates-bandes d’annuelles qui entourent le gazon.
Les plantations de printemps : pensées bleues, roses, jaunes, blanches ou des pâquerettes roses ou blanches et bulbes : tulipes.
Les plantations estivales : pétunias, impatiens, verveines, bégonias, dahlias ou alysses.
Plantations d’annuelles deux fois par an à raison de 8 000 à 10 000 plants pour chaque plantation.

Le jardin vert
Des guirlandes de glycine et de Chèvrefeuille courent sur la façade du bâtiment de l’Orangerie. S’étendant devant l’Orangerie, un espace de 5000m2 est constitué d’arbres de collection de grande taille, plantés sur pelouse : 3 Platanes Platanus acerifolia, 3 Cèdres bleus Cedrus atlantica glauca, 2 Magnolias, un Sapin d’Espagne Abies pinsapo, un Catalpa bignonioides, un marronnier Aesculus hipposcastanum, 2 Sapins de Douglas Pseudotsuga menziesii, un Sequoiadendron giganteum et un Séquoia sempervirens, un robinier Robinia pseudoacacia, un Noyer noir Juglans nigra et un remarquable chêne Vert Quercus ilex, bicentenaire.
Quelques arbustes en bosquets forment un sous-étage de fleurs printanières : Corètes du Japon Kerria japonica, buis, lauriers, ifs, Calycanthus floridus, Prunus padus, Chimonanthus praecox.

Fleurs et potager
Potager et bouquetier ont été entièrement restructurés cette année. Alain Roger, son équipe de jardiniers et l’équipe de l’atelier floral du château, ont décidé de le consacrer aux légumes décoratifs, comme des blettes rouges géantes et de spectaculaires courges aux différents tons de vert.
Le Jardin lui-même est bordé de 100 Rosiers grimpants ‘Clair matin’. La configuration du jardin s'articule autour de 12 panneaux délimités par un cordon de 240 Pommiers et 220 Rosiers tiges ‘Queen Elisabeth’.
Le 1er panneau regroupe des rosiers grimpants et arbustifs
2ème panneau : plantes vivaces, sedums, marguerites
3ème et 4àme panneaux : bisannuelles
5ème panneau : narcisses, jonquilles, iris
6ème panneau : tulipes
7ème panneau : dahlias
Du 8ème au 12ème panneaux : fleurs annuelles à couper.
2 serres servent à cultiver jacinthes, amaryllis et semis divers pour le repiquage ou le potager.
On retrouve dans le potager des Bettes ou poirées blondes et vertes à carde blanche, plus de 20 variétés de tomates de collection, graines anciennes et tomates en arbre, appelées aussi tomates de La Paz. Yellow stuffer, fruit jaune, type poivron, Prudeus purple, fruit rose foncé, Red Zebra, fruit rouge zébré de noir, Tomate des Andes, type poivron rouge, Tangella, fruit rond, orange, de 5 cms de diamètre, Tangerine, très sucrée, jaune foncé, White Wonder, gros fruit de couleur blanche, environ 15 cms de diamètre, tomates cerise, tomates groseille.
Épinards fraise, Piment jaune du Burkina, piment antillais, piment de Thaïlande, utilisés dans les bouquets de l’atelier floral.
12 variétés de poivrons, dont, Poivron de Cayenne, Poivron Jalapeno, 9cms de long, Amérique du Sud, Corno di Toro Jiallo, 20 cms de long, vert et jaune, Italie, comestible et ornemental.

Tout cela met l’eau à la bouche et nous nous retrouvons avec joie à l’Orangerie pour le déjeuner.

L’atelier d’art floral
Annie Lasnier a quitté le domaine il y a peu de temps et c’est une nouvelle équipe qui s’occupe maintenant des somptueux bouquets du château. Elle nous emmène dans le château et nous détaille chaque bouquet, chaque composition florale. Des consignes rituelles sont retenues pour les différentes pièces du château, certaines couleurs sont réglementées et l’espace dévolu demande parfois une grande imagination…
Le renouvellement des arrangements demande un à deux changements par semaine, l’atelier est toujours en ébullition imaginative. Car l’enjeu est fondamental, de nombreux visiteurs prêtent une attention toute particulière aux bouquets de saison.
Maintenant, c’est à nous de pratiquer et nous nous dirigeons vers l’atelier floral. Situé dans un superbe bâtiment du XVIème siècle, dans la cour de la ferme au cœur même du domaine, l’atelier floral est la réserve dans laquelle sont entreposés matériel et créations. Des pièces plus froides permettent la conservation des fleurs. Quelques visiteurs curieux passent la porte et nous observent, tandis que nous apprenons assidûment quelques recettes de compositions florales et partageons le savoir faire « bouquet » du château.

Toute l’équipe de Chenonceau fut particulièrement chaleureuse durant cette journée et lors de sa préparation et a contribué à son succès.