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Parcs, jardins et villas de Naples à Sorrente en Italie - mai 2011

Cap vers le Sud et plongée dans la région de Naples qui accueille un patrimoine architectural unique, un climat généreux et un panorama universellement réputé.

© APJRC / Michèle QUENTIN

Organisé par l’agence Mondes et Merveilles, notre voyage est l’aboutissement de plusieurs séjours en Italie. Cap donc vers le Sud et plongée dans la région de Naples.
L’agglomération est la deuxième plus importante d’Italie après Milan et compte près de 4 millions d’habitants. Naples est une ville bouillonnante, avec une circulation incessante, une atmosphère polluée, une population exubérante… Mais c’est aussi un patrimoine architectural unique, un climat généreux et un panorama universellement réputé. Durant ces quatre jours, nous avons bénéficié d’un temps idéal pour découvrir les plus belles baies de la Méditerrannée.


Caserte
"L'ensemble monumental de Caserte, créé par Charles de Bourbon au milieu du XVIIIe siècle pour rivaliser avec Versailles et le palais royal de Madrid, est exceptionnel dans la manière dont il réunit un somptueux palais avec son parc et ses jardins mais aussi une partie naturelle boisée, des pavillons de chasse et un complexe industriel pour la production de la soie. C'est une évocation éloquente et concrète de la période des Lumières, intégrée plutôt qu'imposée à son paysage naturel." Cette description de l’Unesco (classement en 1997) présente tout à fait le caractère démesuré de la résidence royale conçue par l'architecte Luigi Vanvitelli (1700-1773). Le parc s'étend derrière le palais, son axe principal est jalonné d'une série de fontaines baroques et de plans d'eau. Cette magnifique perspective s'achève par la grande fontaine dont les cascades, retombant d'une hauteur de 150 m, sont recueillies dans un bassin monumental où Diane au bain est épiée par l'infortuné Actéon.
La perspective, bordée de chênes verts taillés, s’étend sur 3 km et se termine par la grande fontaine sur la colline boisée de Briano.
Le jardin anglais a été ajouté selon le souhait de la reine Marie-Caroline d'Autriche (1752-1814), épouse de Ferdinand IV. A l’opposé de la rigueur de la grande perspective, ce jardin pittoresque, conçu en 1783, nous introduit dans un genre extraordinairement nouveau à l’époque de sa création, une nouvelle conception de jardin, dédié à la nature. Il comporte nombre d’arbres remarquables et de plantes exotiques le long des sentier sinueux. L’espace "fabriqué" laisse deviner un magnifique point de vue paysager soulignant le relief. Ruines et fausses ruines, grottes, jeux d’eau et statues agrémentent la promenade du visiteur par de nombreuses surprises.
Des arbres remarquables ponctuent le parc et donnent une vision idyllique de la nature.
En plus de la construction du monumental château, le roi Ferdinand IV décida en 1778 d’introduire la manufacture de la soie en érigeant un vaste complexe industriel à quelques kilomètres. Notre guide, Nicolas Tartaglione, architecte et historien des jardins, habite à Marcianese, une commune limitrophe de Caserte. Sa famille tenait une fabrique de soie il y encore quelques années. Il nous reçoit chez lui, au Palazzo Grauso, pour un excellent déjeuner au milieu des citronniers et des orangers de la terrasse.

Proche de Caserte, les jardins de la Villa Porfi dia ont été créés par une dame d’honneur de la reine Marie-Caroline. Ils traduisent l’engouement de la nouvelle mode des jardins instaurée par la Cour des Bourbons.


Le Jardin botanique de Naples
Le jardin botanique est fondé au début du XIXe siècle alors que Naples est sous domination française. En 1807, c’est donc un jardin botanique universitaire, avec pour mission de développer des espèces utiles à la santé, l'agriculture et l'industrie locale. Le climat particulièrement doux permet l’acclimatation de plantes rares, frileuses et en menace d’extinction dans la nature. Aujourd’hui, le Jardin botanique de Naples, sur 12 ha, présente 10 000 espèces pour un total de près de 25 000 spécimens regroupés dans des collections systématiques organisées selon des critères écologiques et ethnobotaniques.
Restaurés ces dernières années, le jardin et les serres présentent de nombreuses plantes rares, des collections remarquables de Cycadales, de Citrus, de plantes grasses et de fougères. Nous pouvons admirer un Cycas revoluta du début du XIXe siècle, un specimen de collection unique, bien protégé !
Beaucoup d’espèces australiennes s’acclimatent bien ici.
Subsistent également de nombreux vieux arbres dont deux exceptionnels pins des Canaries.
Un détail fort intéressant : la mineuse du marronnier n’atteint pas les arbres dans le sud de l’Italie.
Outre la reconstitution de milieux naturels, le Jardin botanique de Naples est aujourd’hui un important centre d'études.


Ischia
Situés dans les environs de Forio, les jardins de la Mortella furent créés par l’épouse du compositeur britannique William Walton (1902-1983). Le jardin d’1,6 ha s’étend sur
un énorme rocher volcanique et abrite plus de 800 espèces de plantes rares et luxuriantes. En 1956, le paysagiste Russell Page dessina des jardins. Aujourd’hui, le site est devenu une fondation avec un musée et un centre d'étude pour les jeunes musiciens de talent.
Madame Walton reprit les dessins de Russel Page pour ce chemin d’eau dans le jardin inférieur. Le jardin supérieur, plus sauvage et escarpé, domine la villa et offre une vue admirable sur la baie d’Ischia.
Une visite exceptionnelle car c’était le jour de fermeture de la Fondation. Après quelques péripéties matinales dues à une grève occasionnant une pagaille monstre dans le port, nous étions ravis de déjeuner tranquillement et d’apprécier un jardin reposant.


Capri
Le mythe de Capri, un mythe unique au monde. Mélange d’histoire, de nature, de mondanités, de culture et d’évènements, Capri est l'île méditerranéenne qui a vu passer un nombre impressionnant d’intellectuels, d’artistes et d’écrivains, tous extasiés par sa beauté magique. Anacapri, perché sur un belvédère naturel, est un charmant village dont les rues tortueuses ménagent des panoramas exceptionnels.
Au coeur d’Anacapri, l’église San Michele est réputée pour son pavement de terres-cuites vernissées polychromes du XVIIIe siècle. Une représentation très colorée du Paradis terrestre avec tous les animaux, dont Adam et Eve sont chassés.

La villa San Michele d'Axel Munthe fait aussi partie de la découverte de l'île. C'est la seule villa privée ouverte au public et conservée dans son état d'origine. Le docteur Axel Munthe (1857-1949) Suédois d'origine, a écrit "Le Livre de San Michele" en 1929, dans lequel il décrit la création de sa villa, des réminiscences sur des périodes de sa vie, ses relations avec les personnes qu’il côtoyât, riches et pauvres, humains et animaux.
A 327 mètres d'altitude, la villa et les jardins offrent des vues panoramiques sur la baie de Capri, la péninsule sorrentine et le Vésuve. Axel Munthe voulait "autant d'air et autant de soleil que possible" puis "Les hautes arcades de la grande loggia surgirent rapidement de terre, une à une les cent colonnes blanches de la pergola se dressèrent dans le ciel. Ce qui fut jadis la maison de maestro Vincenzo, et son atelier de menuisier, se transforma et s'agrandit peu à peu pour devenir ma demeure future. Comment cela se fit, je n'ai jamais pu le comprendre… "
Les jardins de San Michele sont ornés de nombreux vestiges et oeuvres d'art antiques, comme ce sphinx qui domine toute la baie.
Notre voyage a été maintes fois l’occasion de découvrir des vues grandioses sur la mer et sur les magnifiques baies, laissant la plupart d’entre-nous envoûtés par la beauté du paysage.


Sorrente
La Villa Tritone à Sorrente, ancienne résidence de Lord Astor, est installée sur le sommet d’un promontoire donnant à pic sur le golfe de Sorrente. Les jardins conçus au début du XXe siècle sont très bien entretenus, 5 jardiniers travaillent à plein temps sur les 2ha de la propriété. Il subsiste de grands specimens rares plantés par Lord Astor. Près de la maison, un imposant Gardenia Thunbergia de 150 ans se couvre de fleurs dans la deuxième quinzaine d’août. Plus loin, un cèdre et un grand Araucaria imbricata seraient âgés de plus de 200 ans. Chemins secrets et allées sinueuses traversent une végétation luxuriante et parfumée, protégée par les murs et les balustrades : un oasis de fraîcheur et de raffinement, ponctué de statuaire, de fabriques et de fontaines. Lierre et Ficus repens forment de vastes couvresols égayés par de nombreuses agapanthes alors que les Rosa gallica complicata dégoulinent des arbres. Côté mer, des fenêtres découpées dans la végétation ménagent des vues remarquables sur la baie. Face au large, une longue terrasse s’ouvre sur Naples, le Vésuve, Capri et les îles septentrionales de Procida et Ischia.
Un panorama inoubliable que nous retrouvons dans la soirée sur la terrasse de notre hôtel à Sorrente, l’occasion de profiter, tous ensemble, d’un magnifique coucher de soleil.
A la villa Tritone, nous sommes accueillis par Rita et Mariano Pane, les actuels propriétaires. Rita Vessichelli Pane est historienne des jardins et écrivain ; avec passion, elle nous raconte son attachement à ce site.
Villa Tritone : une très belle pergola en carrés, de 5m de haut et de large


Ravello
La côte amalfitaine est un joyau du sud de l’Italie, avec sa route impressionnante, ses falaises spectaculaires, ses criques au pied du maquis et ses charmants villages accrochés à la montagne ou perdus dans le fond des gorges. La côte est depuis 1997 inscrite au patrimoine de l’UNESCO. Nous parcourons cette longue bande littorale, profitant des magnifiques panoramas qui s’offrent à nous.
Dominant la mer à plus de 300 m de hauteur, le village jardin de Ravello est devenu la destination de nombreux touristes. A travers les ruelles étroites et escarpées de ce village-perchoir, se cachent deux villas et leurs jardins.
Les premiers vestiges de la Villa Rufolo datent du XIIIe siècle. Les jardins se mélangent aux éléments d’architecture comme la tour majeure et le cloître mauresque. Une immense terrasse plantée de massifs fleuris termine l’avancée rocheuse. Créé en 1953 en l’honneur de Richard Wagner, le "Ravello festival" s'y tient chaque année. Chaque été, à cette occasion, une scène de spectacle est montée sur l’éperon du promontoire !
Belvédère sur la campagne environnante à la Villa Cimbrone
"S'élevant au-dessus des roses et de lauriers roses sur un plateau où le regard balaie la mer". Telle fut la description de la Villa Cimbrone donnée par le voyageur allemand Gregorovius dans la deuxième moitié du XIXe siècle.
Le parc de 6 ha traduit l’engouement anglais de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle pour la région méditerranéenne. Les jardins montrent une succession de paysages idéalisés, sont ornés de nombreuses statues et fabriques, illustrent des événements marquants ou des aspirations du propriétaire-créateur. Ces jardins sont aussi un modèle d’ouverture sur la nature, caractéristique du goût de l’époque.
Enfin, surplombant la mer, la "Terrasse de l’infini" est l’un de ces endroits au monde où l’on est envoûté par la beauté du paysage...