Direction le sud est de l'Angleterre : Voyage annuel de l’APJRC, du mardi 9 au vendredi 12 juin 2015
Avec la participation de Mondes & Merveilles
Patrick Muguet a guidé notre groupe durant ces quatre jours, avec beaucoup de patience et de bienveillance.
© APJRC / Michèle QUENTIN diaporama de photos sur notre bulletin pages 16 à 23
© Photographies: Patrick Galisson et APJRC
JOUR 1
Great Dixter
Situé dans l’East Sussex, Great Dixter est considéré comme une référence en matière de jardin anglais. Le manoir à colombage du XVème siècle, acheté au début du XXème siècle par Nathaniel Lloyd est entièrement restauré par le célèbre architecte Edwin Lutyens qui dessine également le jardin autour de la maison. Le fils de Nathaniel, Christopher, reprend ensuite la propriété pour y développer sa conception de jardin en corrélation avec son métier. Christopher Lloyd est un écrivain reconnu dans le monde des jardins, autant pour ses livres que pour ses nombreuses chroniques horticoles. Adepte des prairies fleuries, des couleurs chatoyantes, d’expérimentations étonnantes, C. Llyod met en pratique toutes ses idées et ses envies à Great Dixter, secondé par son fidèle jardinier en chef Fergus Garett. Le titre d’un de ses livres « Un jardinier téméraire », illustre tout à fait la philosophie de ce passionné de mises en scènes végétales où les fleurs sauvages s’opposent aux structures de topiaires, où les petits sentiers bordés de buis formel contrastent volontairement avec les grands mixed-borders plantés très densément de vivaces ou de bisannuelles qu’il aimait laisser se ressemer naturellement.
Le spectacle est partout : des rosiers en fleurs grimpent dans les magnolias ; au sol, les érigerons flirtent avec les valérianes rouges.
Les plantations sont sans cesse renouvelées, les couleurs explosent, les associations sont osées. Dans les prairies fleuries, de grands épis magenta foncées émergent des hautes herbes : les élégants glaïeuls de Byzance Gladiolus communis subsp. byzantinus se mélangent aux fleurs les plus sauvages.
Le pouvoir des couleurs est mis en scène devant une porte ou au détour d’un chemin par une accumulation de potées fleuries, tel un éclatant patchwork végétal.
Un luxuriant jardin exotique est planté dans une cuvette, protégeant ainsi les plantes les plus fragiles. Nous sommes impressionnés par une splendide Euphorbiastygiana ssp. stygiana, originaire des Acores et en voie d’extinction, une plante spectaculaire d’1,50m de hautet de 2m d’étalement, aux feuilles lancéolées, épaisses et coriaces, vert bleuté avec une nervure centrale pluspâle, ressemblant à un feuillage de rhododendron. Le feuillage persistant prend des couleurs rouge brique à rouge corail en hiver.
Euphorbia x pasteurii est un hybride récent entre E. stygianaet E. mellifera et forme un gros buisson en forme de dôme, d’une rusticité plus importante.
Le jardin n’est pas seulement ornemental, il comporte également un verger, un grand potager et la mise enplace de compostages sériés, déplacés une fois par an, trois années de suite. La pépinière abrite des petites merveilles, c’est notre première visite, nous restons très sages…
Pashley Manor
Après une halte gustative dans un charmant pub où nous apprécions notre premier Fisch and chips, notre car nous emmène vers Pashley Manor, à la frontière du Sussex et du Kent.
Le manoir du XIIIème entouré de douves a été transformé au XVIème siècle avec une façade de style Tudor et une autre géorgienne qui date du XVIIIème siècle. Devant le bâtiment, les jardins sont malheureusement une réplique « réduite » d’un grand parc paysager à l’anglaise dont les éléments (île, pont, fabriques, etc…),trop concentrés, ne permettent pas de retrouver l’ample souffle d’un jardin qui se veut paysage.
La roseraie, adossée à des banquettes d’ifs taillés, est plus intéressante, avec l’utilisation abondante en couvre-sol de Saxifraga umbrosa, le courant saxifrage « désespoir du peintre » qui est ici utilisé en bordure de 50cm de large, d’un bel effet. D’autres rosiers, plus anciens et dans les tons pourpres, délimitent un chemin s’ouvrant sur une magnifique vue vallonnée.
De nombreuses plantes sont palissées sur les murs depierre, du classique palissage de Magnolia grandiflora au plus original avec le Choisya ternata.
Le domaine de Pashley Manor nécessite cinq jardiniers à plein temps, dont un affecté aux tontes de la pelouse et un autre dédié à l’entretien du potager. Celui-ci est entièrement clos de murs, le côté sud palissé de figuiers. Les framboisiers et autres arbustes à fruits sont maintenus par des branches de noisetiers, technique employée aussi dans les mixed borders de vivaces hautes et que nous observerons dans la majorité des jardins visités. De grandes structures métalliques noires de style victorien abritent certains végétaux comestibles ; elles sont recouvertes d’un fin filet noir (marque TildenetLTD, rouleau de2mx100m) qui donne un aspect léger à l’ensemble ouvragé tout en protégeant les cultures des prédateurs.
Notre hôtel
C’est exactement ce qu’il nous fallait : une confortable maison géorgienne dominant un vaste parc de près de 100 ha, le calme total, un paysage magnifique, des arbres vénérables, des cerfs et des petits lapins qui s’égaient le matin sur le gazon ! Très bons dîners et typical English breakfast !
L’architecture du bâtiment actuel de Buxted Park date d’il y a 300 ans. Le manoir est acheté et remanié dans la première partie du XIXème siècle par l’ancien Premier ministre anglais, le Comte de Liverpool. Celui-ci désire étendre et protéger son nouveau domaine, situé alors à proximité du village ; il contraint alors les villageois à quitter leurs maisons, déplaçant ainsi le village entierà quelques kilomètres… Seule subsiste aujourd’hui aumilieu des prairies la pittoresque église du village duXIIIème siècle, entourée de son vieux cimetière sur lequelun impressionnant if séculaire veille patiemment.A proximité de la forêt d’Ashdown, réputée pour lachasse au cerf, Buxed Park accueille au début duXXème siècle de nombreuses personnalités et des têtes couronnées. En 1931, le célèbre architecte d’intérieur britannique Basil Ionides (connu pour la restauration de l’hôtel Savoy à Londres) acquière le domaine, restaure le parc et enrichit le manoir de nouvelles collections. En 1940, le feu ravage le bâtiment, détruit l’étage supérieur et tout le mobilier. Basile Ionides parcourt alors la campagne pour récupérer matériaux et mobiliers d’autres demeures bombardées. La restauration de Buxed Parkest si étonnante et grandiose que les mauvaises langues de l’époque disent que Basile Ionides aurait payé les allemands afin qu’ils bombardent certaines maisons aristocratiques…
Buxted Park est racheté ensuite par un magnat du cinéma qui invite Dudley Moore, Gregory Peck, Marlon Brando, entre autres…
Quelques années après, vers 1970, c’est le Prince d’Abu Dhabi qui achète la propriété, un lieu calme et privilégié pour son harem…
Après toutes ces tribulations, Buxted Park est aujourd’hui un hôtel au charme tranquille, dont les hôtes profitent de la vue spectaculaire sur la campagne du Sussex.
JOUR 2
Borde Hill
Les jardins sont créés à partir de 1893 par le colonel Stephenson Robert Clarke, à partir de plants et de graines rares et exotiques provenant de récoltes des chasseurs de plantes dans les contrées lointaines. A la fin du XIXème siècle, le colonel Stephenson Robert Clarke est reconnu comme « l’un des plus grands connaisseur amateur en matière d’horticulture ». Il finance de nombreuses expéditions à la recherche d’arbres et de plantes rares. Ces expéditions à travers la Chine, la Birmanie, la Tasmanie ainsi que dans les Andes permettent de créer à Borde Hill une collection d’arbres remarquables. Le colonel est également un grand amateur d’orchidées et sa collection en compte environ 2500 en 1922. Le catalogue de 1932 inventoriant les végétaux du domaine en répertorie plus de 5000. Le camélia ‘Donation’ (l’un des plus populaires) a été cultivé à Borde Hill dans les années 1940.
Quatre générations de la famille Stephenson continuent ensuite à développer ce patrimoine. Avant la Guerre, l’entretien du parc et des jardins occupait dix-sept jardiniers. Aujourd’hui, les propriétaires sont secondés par un chef jardinier aidé de trois jardiniers. Les jardins constituent aussi un lieu d’exposition de nombreuses sculptures contemporaines à vendre.
Le parc de 80ha recense 83 arbres « Champion trees » et est également planté de nombreux rhododendrons, camélias et magnolias. Les jardins se présentent comme une série d’espaces intimes et formels autour de la maison, chacun ayant sa particularité et un intérêt à chaque saison. La roseraie se compose de parterres où fleurissent 450 rosiers traditionnels et grimpants, entrecroisés de sentiers en briques bordés de buis, de lavande et de nepeta ; plus de 85 variétés de rosiers anglais David Austin sont également présentés.
Il y a quelques années, les propriétaires font appel au paysagiste Robin William pour dessiner les jardins italiens : une remarquable composition autour d’un grand bassin rectangulaire, dominant la vallée verdoyante.
Dans le sous bois menant au jardin d’Allah, le chemin est ponctué de quelques Crinodendron hookerianum, un grand arbuste persistant originaire du Chili dont les fleurs pendantes, rouge cerise, en forme de petites fraises, lui valent le nom d’arbre aux lanternes. Plus loin, un rare Maackia amurensis est mis en valeur par un tapis de Liriope muscari. Dans une clairière plantée de Liriodendron sinensis, nous découvrons des pavots bleus de l’Himalaya, Meconopsis betonicifolia, le pavot mythique découvert par le Père Delavay en 1886, devenu légendaire par sa couleur, un bleu unique…
Nymans
A la fin du XIXème siècle, Ludwig Messel, membre d’une famille juive allemande installée en Grande-Bretagne, achète la propriété de Nymans, au coeur du magnifique paysage de « High Weald » dans le Sussex. Aidé de son chef jardinier James Comber et inspiré par le mouvement Arts and Craft, il y aménage des chambres de verdures bordées de topiaires, tout en introduisant des plantes venues des zones tempérées du monde entier, camélias, rhododendrons… associés à des eucryphias, des magnolias et de nombreuses bruyères. William Robinson le conseille pour la mise en place d’un Wild Garden.
Trois générations se succèdent à l’entretien du parc et des jardins. En 1947, la maison est ravagée par un incendie désastreux qui ne laisse que des ruines, constituant aujourd’hui un fond romantique aux jardins. A la mort de Léonard Messel en 1953, le domaine est cédé au National trust.
Le parc a subi d’importants dégâts lors de la grande tempête d’octobre 1987 qui a causé la perte de près de 500 arbres et dévasté le pinetum. Aujourd’hui, celui-ci recèle encore des sujets fort intéressants et des raretés : Taxus celebica, du sud de l’Asie ; Prumnopitys andinus, de la famille des Podocarpus et originaire du Chili ; Fitzroya cupressoides que l’on trouve dans les montagnes de l’Argentine et du Chili ; Cephalotaxus harringtonia var. drupacea dont la drupe serait comestible ; Libocedrus bildwilli originaire de Nouvelle-Zélande ; deux specimens de Wollemia nobilis, un pin qui n’a été identifié qu’en 1994 dans des gorges gréseuses à 150 km au nord de Sydney en Australie… Sans oublier le merveilleux et fragile Pinus montezumae originaire du Mexique et d’Amérique centrale, caractéristique par de longues aiguilles pendantes bleu-vert de 30 cm de long et un dôme arrondi.
Clinton Lodge
Une propriété privée dont les jardins, sur 2,5 ha de terrain calcaire, sont compartimentés en chambres de verdure. Le jardinier en chef nous les fait découvrir lors de la visite, nous faisant passer à travers des chemins bordés de hautes haies d’ifs, de houx ou de charmes. Chaque spectacle est différent : telle chambre est composée de magnolias et de rhododendrons, une autre abrite une collection de plantes méditerranéennes, une prairie fleurie au pied de pommiers s’offre à nous à l’entrée d’une troisième, l’ancien potager a été reconverti en jardin de fleurs à couper, la piscine est ceinte de grandes arcades végétales, des bordures herbacées font la liaison entre des chambres plus intimes, … Une allée pavée présente des losanges plantés de camomille rampante ; dans l’allée des pivoines, les bordures de buis ont été remplacées par du Teucrium fructicans. La propriétaire, âgée, a fait construire récemment une folie au fond des jardins, constituant ainsi une dernière chambre. La perspective donne sur une grande obélisque, dont la signification architecturale est reprise près de la fabrique par la plantation de plusieurs charmes taillés en pyramide.
JOUR 3
Penshurt
Penshurst Place est l’un des plus beaux châteaux ancestraux d’Angleterre, résidence du vicomte et de la vicomtesse De L’Isle. On sait peu de choses sur les origines de la propriété, il y avait déjà un domaine dès la fin du XIIème siècle. Un long moment propriété de la Couronne, le château et ses terres sont données par Edouard VI (le fils d’Henri VIII) à « son bien-aimé serviteur » Sir William Sydney ; le titre de vicomte De L’Isle est attribué à l’un de ses descendants. Philip Sydney, 2ème vicomte De L’isle, hérite de la maison en 1991, il est le 19ème membre de sa famille à faire de Penshurst Place sa résidence. C’est grâce à cette longue lignée de propriétaires qu’on à l’impression de pénétrer dans un château dont les pierres nous racontent près de dix siècles d’histoire familiale.
Le domaine s’étend sur plus de 110 ha intégrés dans la magnifique campagne environnante. 10 000 arbres sont remplacés après la terrible tempête de 1987. Il est difficile de dissocier le château des jardins.
Ceux-ci sont créés d’après les plans de Sir Henry Sydney, dès 1560, au début du règne de la reine Elizabeth 1ère et s’ordonnent autour d’une grande perspective avec vue sur le château sous différents aspects, vision italianisante de jardins clos.
L’entrée des visiteurs se fait par une large avenue latérale, the Lime Walk, plantée de Tilia platyphyllos et de Tilia vulgaris,menant à l’entrée principale du château ; sur le côté, la Church Terrace agrémentée d’un vieux Ginkgo biloba ; les murs sont recouverts de rosiers grimpants.
La façade arrière du château surplombe les jardins dont le premier constitue le Parterre ou Italian Garden : une longue esplanade de parterres de gazon et de quartiers de fleurs soulignés de bordures de buis, avec un grand bassin central. Des ifs taillés en haies encadrent le jardin classique et, raffinement suprême, les bancs en teck, d’un même modèle, larges et confortables, sont à l’échelle de ce grand espace.
En contrebas de la terrasse, sur la gauche, nous parcourons la « bordure bleue et jaune » composée de grimpantes, d’arbustes et de vivaces bleus (Clematis ’Cassandra’, C. ‘Perle d’Azur’, Caryopteris ‘Worcester Gold’, agapanthes, Delphinium ‘Fenella’, Iris ‘Penshurst Blue’, Corydalis flexuosa ‘Blue Dragon’, en autres…) et jaunes (Rosa ‘Graham Thomas’, R. ‘Royal Gold’, Hypericum olympicum, Peonia mlokoswitchii, Fritillaria imperialis ‘Lutea’, Solidaster lutea ‘Lenmore’, Hemerocallis ‘Yellow’ entre autres…). On accède ensuite au « Jardin pavé’ que domine un grand Acer palmatum. De grandes arches de pierre, bordées de vénérables glycines, ouvrent sur les autres jardins : le « jardin de roses » dont les rosiers roses sont entourés de bordures de Berberis thunbergii ‘Atropurpurea Nana’ contrastant avec les tapis gris de Stachys lanata ‘Silver carpet’, le « jardin héraldique » où sauges et lavandes forment une base à la présentation des différents totems représentant la symbolique héraldique de la famille.
Nous découvrons ensuite le Jubilée Walk, conçu en 2012 par le paysagiste George Carter. Longue de 72m, la large bordure décline de chaque côté du chemin un dégradé de couleurs réalisé grâce à une maîtrise exceptionnelle des végétaux plantés. Si les séquences colorées passent subtilement du rouge, orange, jaune, rose-lavande au bleu, la netteté et la lisibilité du mixed border est renforcée par l’emploi alternatif des mêmes arbustes persistants, chaque bande de couleur contenant au moins un des végétaux ci après : Phylleria latifolia, Viburnum tinus, Buxus suffruticosa, Osmanthus delavayi, Juniperus communis, Sarcococca humilis, Buxus sempervirens ‘Aureovariegata’, Rhamnus alaternus «’Argenteovariegata’, Ilex aquifolium ‘Argentea Marginata’.
L’ossature persistante du massif global donne un rythme à la composition générale et permet ainsi une surabondance et une diversité de plantes colorées, en moyenne une vingtaine de vivaces différentes par bande de couleur, associées à des arbustes.
Ainsi, la bordure bleue, magnifique, est composée de cultivars intéressants.
La chambre suivante appelée Magnolia Garden est composée d’arbres à floraison printanière, plantés dans une cuvette herbacée ceinte d’un chemin circulaire de plein pied, afin de profiter de chaque fleur à hauteur du nez… Il semble que le trop plein de l’extraction de terre de ce jardin ait servi à l’élaboration d’un mini théâtre en tertre dans le jardin suivant. Idée judicieuse qui a permis à de nombreuses jeunes générations de montrer à leurs parents leurs talents d’acteurs dans ce Stage Garden !
Si les chambres se succèdent l’une après l’autre, tout en gardant toujours une vue sur le château (encore un subtil agencement…), il est une bordure étonnante qui fait la gloire de Penshurst : The Peony Garden est un chemin latéral découvrant une bordure de 100m de long entièrement garnie de pivoines herbacées, déclinées selon 4 variétés parfumées : ‘Monsieur Jules Elie’, Albert Crousse’, Lady Alexander Duff’ et ‘Sarah Bernardt’. En cette saison, nous avons la chance de voir l’apogée de la floraison.
Une pergola recouverte de clématites et roses et de glycines amène à l’espace dévolu aux arbres fruitiers dans une prairie fleurie. Après la chambre du verger se trouve le jardin blanc et gris, dessiné par John Codrington en 1970, où l’arbre phare de cette époque, le Pyrus salicifolia, est mis en scène.
Au milieu de tous ces jardins clos se trouve la chambre du bain de Diane, composée d’un large bassin rectangulaire.
L’Union Flag Garden termine notre visite et rejoint the Lime Walk. La statue de Porcupine, commémorative du millénium et réalisée par Robert Rattray, nous invite à gravir un belvédère en bois. Du monticule apparaît, gigantesque, le drapeau anglais, encadré par des Tilia x euchlora taillés en rideau. Les floraisons éclatent dès le début de l’été, Lavandula ‘Hidcote Blue’ pour le bleu, rosiers ‘Kent’ pour le blanc et ‘Chilterns’ pour le rouge.
En face, adossé au réservoir d’eau de l’ancienne blanchisserie, un grand lion en pierre monte la garde et veille sur l’ensemble…
Hever Castle
Anne Boleyn, mère d’Elizabeth 1ère, y a vécu son enfance de future reine. Les jardins du château sont remaniés au début du XXème siècle par William Walsdorf Astor, qui acquière l’immense propriété en 1903. Milliardaire américain devenu sujet britannique en 1899, celui qui deviendra 1er vicomte Astor en 1917 investit de grosses sommes d’argent pour restaurer le château, réaliser ce que l’on appelle aujourd’hui le « Tudor Village », concevoir de nouveaux jardins formels et aménager un grand lac. Le château s’entoure de topiaires variées, d’un labyrinthe et d’un jardin Tudor. Précédant le lac, un jardin italien est conçu pour abriter la collection personnelle de statues et ornements antiques du propriétaire.
Aujourd’hui, le National Trust a fait d’Hever Castle un lieu d’attraction touristique, multipliant restauration, shopping, réceptions, jeux et événements variés. Neuf jardiniers s’occupent de l’entretien et des plantations. Nous y trouvons cependant quelques endroits merveilleux : les dernières chambres du jardin italien, la vue sur le lac romantique et l’intéressant chemin peu fréquenté, the Anne Boleyn Walk, sauvage et escarpé, qui nous entraîne dans une forêt lointaine, sous les frondaisons des immenses Cedrus atlantica ‘Glauca’, Pinus montezumae et Liquidambar styraciflua.
Marle Place
C’est un paisible jardin privé situé près du village de Brenchley, sur un site pentu. Créés en 1890, les jardins s’articulent autour de la maison et évoluent rapidement en Wild Garden. C’est un jardin d’artiste et de collectionneur, un charmant jardin anglais qui a reçu de nombreuses récompenses pour son travail de protection envers la faune et la flore.
Un jeune arboretum occupe une grande prairie jouxtant les bois, avec une recherche de la rareté des essences plantées et de leur attrait esthétique ; nous pouvons imaginer le spectacle futur des groupes de conifères rares éclaboussés de lumière par les variétés d’arbres aux feuillages dorés. L’intérêt automnal est aussi élaboré, avec des essences se colorant tout particulièrement à cette époque.
Si les abords de la maison gardent un côté formel très edwardien, le chemin forestier en contrebas foisonne de vieux arbres et de plantes sauvages, indigènes et exotiques. La promenade s’effectue en passant de rustiques ponts au dessus des ruisseaux. En remontant vers la maison, nous sommes vivement intéressés par la mise en scène d’une grande gloriette métallique d’élégantes proportions, au centre d’une clairière. Notre visite se termine par le potager, la serre aux orchidées et une charmante petite boutique tenue par la fille de la propriétaire.
Il nous reste un peu de temps et nous en profitons pour nous arrêter dans un grand Garden Center qui présente toute une gamme de produits les plus imaginatifs et inspirés pour le jardin anglais…
JOUR 4
Merriments
Le jardin de Merriments est connu pour la présentation sur 2 ha de toute la production en pépinière. Depuis 1990, c’est une vitrine pour les plantes vendues sur place et pour tous les services d’aménagement paysager que l’entreprise propose aux particuliers comme aux collectivités, de petits travaux de plantation à de grands projets de construction. Plusieurs jardins montrent la diversité des végétaux et leur mise en valeur dans un contexte paysager, au travers d’allées parfaitement engazonnées. De nombreux bancs permettent d’admirer les scènes végétales soigneusement élaborées et de profiter de l’atmosphère de ces jardins en constante évolution. Les compositions de plantation sont très recherchées, l’entretien est irréprochable car Merriments est avant tout un lieu de promotion et de vente. Contiguë au jardin, la pépinière permet d’acheter tout ce que l’on a remarqué dans le jardin, et même plus…
Sissinghurst Castle et Gardens
Nous finissons notre périple par le Graal …
Le château de Sissinghurst est une résidence historique dans le comté du Kent, à environ 40 km au sudouest de Canterbury. Le domaine est célèbre pour son jardin aménagé à partir de 1930 par Vita Sackville-West et son mari Harold Nicolson. Appartenant aujourd’hui au National trust, Sissinghurst est certainement l’un des jardins les plus connus d’Angleterre, jouissant d’une réputation internationale, et l’un des plus visités, avec plus de 160 000 visiteurs par an. Huit jardiniers et de nombreux bénévoles veillent à l’entretien et à la préservation de ce jardin unique.
Le nom de Sissinghurst vient de l’ancien anglais et signifie la clairière dans les forêts. La grande double tour en briques rappelle l’époque prospère sous les Tudor. Au cours des temps, le domaine perd de son prestige et c’est une propriété en ruines qu’achète le célèbre couple d’écrivains en 1930.
Vita Sackville West et Harold Nicholson
Victoria Mary Sackville-West, Lady Nicolson, plus connue sous le nom de Vita Sackville-West, née le 9 mars 1892 et morte le 2 juin 1962, est une poétesse, romancière, essayiste, biographe, traductrice et jardinière britannique. Elle est célèbre pour sa vie aristocratique exubérante, son mariage solide avec Harold Nicolson, ses amours passionnées avec des femmes comme les romancières Violet Trefusis, Virginia Wolf et pour la création des jardins de Sissinghurst.
En 1913, Vita Sackville-West épouse Harold Nicolson, diplomate de 1909 à 1929, puis journaliste et membre du Parlement. C’est ce que l’on pourrait appeler aujourd’hui un « mariage ouvert », ils ont néanmoins deux enfants et entretiennent une relation étroite.
En 1930, sur les conseils de sir Edwin Lutyens, dernier compagnon de lady Sackville, la mère de Vita, le couple achète le château délabré de Sissinghurst, situé à seulement trois kilomètres de Knole.
Pour Vita, Sissinghurst représente un lien symbolique avec Knole House, où elle est née et a passé son enfance, s’est mariée en 1913 ; quoique fille unique et héritière de Lionel Edward Sackville-West, 3ème baron de Sackville, Vita est une femme et ne peut prétendre à l’héritage. L’immense château élisabéthain et ses domaines échoit à son oncle, ce qui va affecter Vita le reste de sa vie.
Le jardin
Bien que Sissinghurst soit complètement en ruine et que Vita et Harold aient conscience de tous les frais et de tout le travail qui les attend, ils commencent rapidement à restaurer les bâtis et à tracer le jardin dont ils ont rêvé. Pierre par pierre, ils remontent les murs, plantent des haies et des arbres et suivent le plan du jardin dessiné. Vita Sackeville-West s’inspire des jardins de Gertrude Jekyll, d’Edwin Lutyens ainsi que du jardin de Hidcote Manor créé par Lawrence Johnson.
Vita et harold donnent à ce lieu toute l’âme d’un jardin. Celui-ci est découpé en chambres de verdure distribuées autour de la grande tour, où les plates-bandes débordent de coloris subtils, autant de pièces thématiques ayant chacune des couleurs, des senteurs et un schéma de plantation différents. Le jeu des allées qui s’entrecroisent nous entraîne dans une longue promenade.
L’habitation elle-même se compose de bâtiments séparés : la maison principale prolongé