© APJRC / Michèle QUENTIN
Une sacrée équipe, celle du service des parcs et jardins de la Ville de Tours !
Le programme avait été établi avec l'approbation de Christine Chasseguet, directrice du service : visite du Jardin botanique et du jardin des Prébendes d’Oé. Gilbert Flabeau, responsable des collections de la Ville de Tours et Jac Boutaud, responsable du patrimoine arboré, nous ont accueillis et guidés toute la journée, pour le plus grand plaisir de notre groupe composé d’une vingtaine d’adhérents.
Le jardin botanique de Tours
Situé Boulevard Tonnellé, face à l'hôpital Bretonneau, le Jardin Botanique est le plus ancien jardin public de Tours, réalisé en 1843 à l’initiative du pharmacien Jean-Anthyme Margueron (1771-1848) sur l’ancien lit du ruau Sainte Anne. Grâce à la création de l’Hospice Général et de l’Ecole Préparatoire de Pharmacie, le jardin est conçu comme un jardin de plantes médicinales. En 1863, un parc animalier et une orangerie sont aménagés. En 1890, des serres chaudes, tempérées et froides sont ajoutées à l’orangerie. En 1901, le premier catalogue de graines est édité.
Le Jardin Botanique comprend l’arboretum avec de grands arbres remarquables, un espace animalier, des volières, un jardin de plantes médicinales. C’est à partir de 1980 que la partie nord est rénovée en jardin phyllogénétique et en jardins à thèmes. A l’extrémité nord, l’orangerie abrite les plantes tropicales. Par delà, une nouvelle extension du jardin abrite des plantes nord-américaines et asiatiques.
Aujourd’hui, le jardin, réparti sur 6 ha, présente près de 2 500 taxons de plantes diverses et variées. Un microclimat permet l’acclimatation de sujets peu rustiques, rares et particulièrement intéressants.
La richesse des collections, la multiplicité des centres d'intérêts, l'originalité des présentations font de ce jardin scientifique un lieu de promenade hautement apprécié des riverains et des amateurs.
Huit jardiniers travaillent sur le site du Jardin des Plantes. Notre visite commence par l’importante collection de pivoines en partenariat avec la ville de Luo-Yang, capitale chinoise de la Pivoine. Comme nous le démontre Raphaëlle, jardinière botaniste de l’école du Châteaufarine, la pivoine possède une incroyable variabilité de formes, couleurs et feuillage.
Cela est dû aux nombreuses hybridations des espèces mais aussi aux croisements interspécifiques entre pivoines arbustives et herbacées, initiés au Japon au cours des années 1940.
Ce secteur comprend le jardin de la systématique, à dominante scientifique, ainsi que de nombreuses vivaces et ligneux.
Nous remarquons un Ligustrum obota couvert de fleurs odorantes et mellifères, un Xanthoceras sorbifolia à la floraison remarquable en mai, ainsi qu’un Michelia doltsopa, une rare Magnoliacée originaire du Yunnan.
Les serres de l’Orangerie, récemment restaurées, présentent des plantes d’autres continents, avec une thématique sur l’Afrique du Sud dans la première et une exposition de plantes utiles à l’homme dans la serre tropicale. Un peu partout, des sachets blancs mis en place constituent des moyens de lutte biologique. Il s’agit d’acariens prédateurs appelés des phytoséiides. Les acariens, introduits dans la serre, sont des Amblyseius swirskii. Ces prédateurs sont utilisés pour lutter contre les aleurodes (mouches blanches) mais aussi les thrips. Ces 2 insectes sont très souvent rencontrés dans les serres et causent des dégâts importants sur les végétaux : leurs piqures répétées affaiblissent les plantes. Un traitement efficace à en juger la bonne santé des végétaux dont l’irréristible Begonia fuchsioïdes.
La visite de la nouvelle extension et de l’arboretum nous réserve de nombreuses surprises, tant par la rareté des sujets plantés que par leur taille imposante.
Cornus capitata est un cornouiller originaire de Chine, au port arrondi et au feuillage semi-persistant, couvert en ce moment de grandes bractées de couleur crème, jaune-vert qui donneront des fruits comestibles. Gilbert Flabeau ne tarit pas d’éloges sur un élégant petit palmier nain américain ; Sabal minor est l'une des espèces les plus rustiques de toute la famille des palmiers et résiste à des températures de -20°C. A proximité, Fabiana imbricata f. violacea, originaire des Andes, forme un petit arbuste érigé ressemblant à une bruyère géante à la jolie floraison mauve.
Visite commentée de l’exposition Edouard André
A l’occasion du centenaire de la mort d'Edouard André (1840-1911), célèbre paysagiste aux talents multiples : écrivain, voyageur botaniste, paysagiste et urbaniste, la ville de Tours a monté une exposition dans la serre de l’Orangerie.
Edouard André fut à l’origine de nombreuses créations de parcs et jardins dans le monde. Journaliste-horticole très prolifique, il a rédigé beaucoup d’articles et publie un traité en 1879, L’Art des jardins. Traité général de la composition des parcs et jardins. Chargé d’une mission d’exploration scientifique entre 1875 et 1876, il va rapporter de ce voyage plus de 3600 espèces animales et végétales originaires de Colombie, d’Equateur et du Pérou.
Pour en savoir plus
- Un paysagiste-botaniste sur les chemins du monde (1840-1911), actes du colloque international de Tours en 1998, dirigé par Florence André et Stéphanie de Courtois, Editions de l’Imprimeur, Paris, 2001
- Association Edouard André : « La Veillière » 37150 La Croix-en-Touraine Tél/Fax 02 47 30 38 04
La découverte en 1876 en Colombie de l'Anthurium andreanum, son introduction en Europe a accru la renommée d'Edouard André dans le monde horticole. En 1871, Édouard André fait l'acquisition d'une propriété à La Croix-en-Touraine en Indre-et-Loire. Il dessine le parc et aménage une structure où expérimenter ses propres méthodes, tant en matière d'aménagement qu'en botanique et en horticulture. Aujourd'hui propriété de la municipalité, le parc a été récemment réaménagé.
Visite du jardin des Prébendes d’Oë
Réalisé par les frères Bühler au XIXème siècle, le parc de 5 ha a obtenu le label Jardin remarquable attribué par le Ministère de la Culture.
Les frères Bühler, célèbres architectes paysagistes, ont acquis leur renommée grâce à la création, entre autres, du Parc du Thabor à Rennes et du Parc de la Tête d'Or à Lyon. La création du jardin des Prébendes d’Oë, au coeur de la ville de Tours, introduit dans ce nouveau quartier une trouée de verdure et de fraîcheur, avec des allées sinueuses et de nombreux points de vue depuis les carrefours. En 1874, le parc ouvre au public.
Selon Bühler "Le jardin est une promenade et non un passage". Malgré la taille réduite du parc, le tracé des courbes des allées est très ample, leur largeur est également très généreuse. On distingue trois éléments importants : le plan d’eau central avec son île ovoïde plantée de conifères, se terminant par un cours d’eau vers l’est, un bâtiment rectangulaire entouré d’un bosquet en demi-cercle à l’ouest et un kiosque à musique au centre d’une large esplanade.
De larges bosquets sont disposés sur le pourtour du parc alors que la partie centrale est plantée d’arbres en petits groupes de même essence, en nombre impair, d’arbres isolés et de massifs d’arbustes. Dans cet espace réduit, le paysagiste a su développer tout son art. On peut supposer que cet agencement particulier privilégie une contemplation de chaque arbre, tout en gardant les ambiances sensibles d’un grand parc paysager.
Aujourd’hui, le jardin compte, sur une superficie de 4,5 ha, 360 arbres dont 55 genres et 90 espèces et variétés. La dominance est représentée par les marronniers à 11%, puis les cèdres à 8% et les platanes à 5%.
Le service des parcs et jardins de la ville Tours mène un plan de gestion rigoureux : 50% des arbres sont actuellement au stade matures, 20% des plantations représentent de jeunes arbres adultes et 30% de jeunes arbres, 20% des arbres seront à renouveler dans les quinze ans.
Une journée féconde d’enseignements avec Jac Boutaud, responsable du patrimoine arboré, qui nous a prodigué des conseils professionnels et avisés en matière d'arboriculture et de gestion des arbres dans les différents jardins de ville.