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Balade dans les jardins au pays de Ronsard - juin 2005

C'est dans la Vallée du Loir que s’installe, en 1566, Pierre de Ronsard. Le poète tombe rapidement sous le charme de la vallée, où il écrit ses plus beaux poèmes. : "Bref, quelque part que j'erre, Tant le ciel m'y soit doux, Ce petit coin de terre me rira par sus tous Car les champs et les bois et les lieux solitaires, Et les prés, où le Loir, parmi les herbes, court, Me plaisent beaucoup plus que les bruits de la Cour."

© APJRC / Michèle QUENTIN

C'est dans la Vallée du Loir, à quelques kilomètres à l'ouest de Montoire, que s'installe Ronsard. Le groupe de l'APJRC part à la découverte de deux sites emblématiques...

Le parc de Roc-en-Tuf
Roc-en-Tuf est situé dans la vallée de la Cendrine, petit affluent de la rive gauche du Loir. Au 19ème siècle, les frères Bühler, architectes paysagers, dessinent et plantent le parc. Quelques spécimens magnifiques témoignent de cette époque, dont un remarquable catalpa, planté en 1850, qui étale ses frondaisons sur 223m2.
La maison du 18ème siècle est construite devant de belles caves creusées par les moines Bénédictins qui ont tiré la pierre et habité ces lieux. Du passage des moines, il reste leur salle à manger, leur dortoir et leur étable, creusés dans la pierre de tuf.
C’est en 1955 que Jean-Marie et Geneviève Stheli, séduits par le site, décident de s’y installer définitivement. Lors d'un voyage en Irlande, ils sont émerveillés par la beauté des jardins. Commence alors pour le couple une grande aventure dont la passion n’est toujours pas éteinte. Ils fondent une société nationale « Connaissance des Jardins » et importent de nombreux arbres et arbustes. Roc-en-Tuf est maintenant un jardin botanique de 5ha dont la diversité des collections réserve des surprises tout au long de l'année, avec des floraisons et des fructifications spectaculaires. Les rapports nombreux avec les botanistes et les sociétés dendrologiques se retrouvent dans le jardin, tel ce Mahonia de Buckland , première introduction en France, cadeau de Lionel Fortescue.
Malgré un terrrain calcaire au Ph de 7,5, de nombreuses espèces se sont acclimatées. Elles profitent du microclimat et de la présence d’un cours d’eau sur la propriété.

Mme Stehli continue seule l’œuvre de son mari et reçoit les visiteurs avec beaucoup d’enthousiasme. La première surprise nous attend dès l’entrée, avec un superbe exemplaire de Jasminum beesianum, une rare espèce chinoise dont la floraison rose profond embaume. A côté est planté un Liriodendron sinensis et des bupleurums qu’affectionnent un peu trop les chevreuils…
Une longue allée mène à la maison mais notre guide nous emmène vers le parc. Elle caresse en passant l’écorce blanche du Betula albosinensis septentrionalis et nous montre le Buddleia globosa qui vient de terminer sa floraison jaune-orangé. Sur un pylône, trois grimpantes vigoureuses cohabitent : Clematis tangutica, Abebia quinita, une liane volubile semi-persistante et le gigantesque rosier blanc sarmenteux « Wedding Day » Madame Stheli utilise fréquemment l’association de plusieurs grimpants pour masquer une hauteur disgracieuse ou habiller un vieil arbre mort, profitant ainsi de floraisons échelonnées. Nous observerons un peu plus tard le mariage d’Hydrangea petiolaris et de Vitis Coignetiae. L’effet est spectaculaire et ne gêne en rien la floraison du vieux catalpa utilisé comme support. Chose curieuse, l’arbre était considéré comme mort et la croissance des deux grimpants lui a insufflé une nouvelle vie. Dame nature est décidément incroyable !
On confond souvent le catalpa et le paulownia en dehors des périodes de floraison et de fructification. Madame Stehli nous donne un moyen facile de reconnaissance : les feuilles du catalpa sont par trois, comme les 3a qui compose son nom.

Cette partie du parc est fleurie en toute saison : narcisses en masse au printemps, collections de pivoines, rosiers et hydrangeas pour la fin de saison. Un Syringa reticulata var. mandschurica (ancien S. amurensis), d’origine japonaise, est actuellement en fleurs. Les arbustes abondent et donnent une impression champêtre : viburnums, exochordas, rubus. De nombreux arbres ont été plantés : liquidambars d’origines chinoise et américaine, érables, cerisiers dont les couleurs en automne illuminent le parc. Plus d’une vingtaine de marronniers différents ont été introduits, dont Aescuelus x neglecta, une espèce à la floraison jaune.
Le jardin des senteurs présente une collection de géraniums odorants en pots. Un petit jeu de reconnaissance nous est proposé et nous partons à la découverte du chocolat, de la menthe et du citron….
Il faut traverser l’agréable tonnelle de cytises et de rosiers pour accéder au jardin d’eau, sur le côté de la maison. Un large bassin d’une cinquantaine de mètres délimite le jardin formel et le jardin sauvage. C’est une promenade bien agréable, à l’ombre des buis et des hydrangeas. Différentes variétés d’hostas, des pétasites, des fougères et le Lysichiton americanus à floraison jaune tapissent le sol. Le chemin bifurque vers un petit pont, nous permettant de découvrir une vue bucolique du cours d’eau en sous-bois à travers les gunneras et les grandes berces.
Le jardin formel est dominé par une série de terrasses exposées plein sud, plantées de clématites, rosiers anciens, ceanothes, agapanthes et d’une collection d’hémérocalles. En face, des massifs de rosiers David Austin et de perowskias bordent la pelouse.
Après un moment de repos dans le réfectoire troglodytique des moines, nous finissons la visite. Mme Stheli propose aux visiteurs des semis et des boutures des plantes du jardin, c’est toujours une très bonne idée après la découverte d’un jardin passionnant. Une dernière surprise nous attend devant la maison : un magnifique specimen d’Aesculus californica est actuellement en fleurs


Un jardin de verdure et d’eau fraîche : le Plessis Sasnières
Le jardin du Plessis-Sasnières a été créé en 1975 et depuis, ne cesse de grandir et d'embellir, grâce aux soins attentifs et passionnés de ses propriétaires. Au creux d'une petite vallée, ce jardin hors du temps et du monde est mis en scène autour d'un étang d'eau vive. Il s’est vu attribué par le Ministère de la culture et de la communication le label Jardin Remarquable en 2004.
C’est aujourd’hui la « Fête des Plantes et de la Gastronomie » et une table conviviale nous est réservée pour un déjeuner bucolique à l’ombre d’un grand frêne.
Rosamée Henrion, créatrice du lieu, est toujours prête à partager ses expériences et sa passion. Elle nous entraîne le long des allées de gazon, nous montrant l’étonnante diversité des végétaux plantés, qui définissent aujourd’hui la richesse des compositions végétales. La promenade sur le côteau permet de découvrir une vue panoramique sur le jardin. L'ancien potager clos de murs a été transformé en jardin de fleurs et planté par thème de couleurs. Les carrés de couleurs avec les floraisons des rosiers, des vivaces et des annuelles s'y succèdent tout au long de la saison.
La promenade sur la rive opposée permet de découvrir au printemps de nombreuses variétés de buissons luxuriants, les Xanthoceras sorbifolium, les Malus « Golden Hornet », l'Exochorda racemosa. Les bassins sauvages dans lesquels nagent une multitude de truites sont bordés de primevères japonaises, d'astilbes, de Lysichiton americanus, de ligulaires et d'hostas.
L’embellissement du jardin est une tâche continue, chaque saison apporte une nouveauté. C’est l’un des buts de la famille Henrion qui tient à cœur d’accueillir les visiteurs et de leur montrer un jardin qui grandit et qui change au fil des saisons.