Retour sur le séjour en Espagne (6-9 mars 2018) : Échange de savoirs et savoir-faire dans les jardins historiques
L’objectif du projet « Échange de savoirs et savoir-faire dans les jardins historiques » est de permettre la rencontre de professionnels, gestionnaires et/ou propriétaires de jardins historiques afin échanger des compétences et des connaissances. Trois journées de rencontres et d’échanges se sont déroulées en Espagne du 6 au 8 mars 2018. Cinq personnes du consortium français ont pu dialoguer et échanger avec différents professionnels espagnols. L’accueil du groupe français a été organisé par Ana Luengo, paysagiste et vice-présidente de l’Association espagnole des parcs et jardins publics (Asociación Española de Parques y Jardines Públicos). Ces trois jours, proposés par l’Association espagnole des parcs et jardins publics se sont organisés en journées de formation et conférences ainsi qu’en visites de terrain suivies de tables rondes. Ces échanges ont permis de dialoguer sur la gestion différenciée et planifiée des parcs historiques et des parcs urbains, sur l’accueil du public, et sur le choix des techniques à mettre en œuvre (gestion « traditionnelle » et techniques contemporaines, adéquation entre moyens et objectifs) ainsi que sur la valorisation de ces parcs et jardins.
MADRID
Lundi 5 Mars 2018 :
Après-midi : Jardin botanique royal
Les Français profitent d’être arrivés à Madrid en fin de matinée pour visiter le jardin botanique royal. Ce jardin a été conçu par l’architecte Juan de Villanueva à la toute fin du XVIIIe siècle pour accueillir la collection de plus de 10 000 plantes rapportées du Nouveau Monde par Alessandro Malaspina en 1794. Le jardin est régulier et divisé en trois terrasses, elles mêmes divisées en carrés accueillant les collections. La terrasse supérieure, réalisée en 1859, est ponctuée par une pergola en fer forgé soutenant des ceps de vigne représentant tous les cépages plantés en Espagne. Une serre a été récemment construite.
MADRID
Mardi 6 Mars 2018 :
Journée de formation au château de La Granja de San Ildefonso : La gestion des jardins et parcs historiques : approche méthodologique et études de cas
Après une présentation institutionnelle des participants espagnols et français, les intervenants se succèdent.
Présentation du contexte des parcs et jardins patrimoniaux en Espagne : Nilo Fernández, Delegado para los Reales Sitios de La Granja y Riofrío
En Espagne, les protections concernent le patrimoine historique et artistique (BIC). 1 002 immeubles (palais, jardins, monastères, etc.) dont 565 hectares de jardins historiques et de forêt et 154 470 meubles sont protégés. Une grande partie du patrimoine royal a été vendu à des particuliers après la guerre d’indépendance. L’institut d’agronomie de Versailles a eu une grande influence sur les pratiques paysagères et horticoles en Espagne. Entre 1983 et 2016, des programmes de formation pour les jardiniers ont été mis en place afin de permettre la mutation des outils manuels vers la motorisation. Les jardiniers sont aujourd’hui vieillissant avec un âge moyen de 55 ans, le recours à des entreprises extérieures est courant notamment pour les fleurissements. Les gestionnaires des jardins patrimoniaux sont principalement des forestiers.
Depuis 1999, des échanges ont lieu avec le château de Versailles, et l’architecte en chef Pierre-André Lablaude, au sujet de la restauration du jardin de La Granja, et, en 2001, un schéma directeur a été adopté.
La politique en faveur des jardins au ministère de la culture : Marie-Hélène Bénetière, historienne de l’art des jardins, chargée de mission pour les parcs et jardins au ministère de la culture
Marie-Hélène Bénetière explique la politique du ministère de la culture pour valoriser les jardins. Les stratégies institutionnelles mettent en œuvre la connaissance (pré-inventaires de jardins, base Mérimée, archives des parcs et jardins, portail histoire des arts, atlas des patrimoines) ; la protection au titre des monuments historiques ; la restauration ; la formation ; la valorisation (Label Jardin remarquable) et la sensibilisation (Rendez-vous aux jardins, Adoptez un jardin) ; et la documentation gratuite et accessible à tous (MOOC « Les jardins : un patrimoine à conserver et à valoriser ».
Les questions portent principalement sur la valorisation des jardins historiques via Internet.
Les jardins historiques : avantages et inconvénients d’une protection. Le plan de gestion : Marie-Hélène Bénetière, historienne de l’art des jardins, chargée de mission pour les parcs et jardins au ministère de la culture et Jean-Michel Sainsard, expert parcs et jardins au ministère de la culture
Marie-Hélène Bénetière expose rapidement les enjeux de la protection des jardins au titre des monuments historiques. Jean-Michel Sainsard embraye sur le plan de gestion, en rappelant tout d’abord que le jardin, espace généralement enclos, organise un matériau vivant donc périssable et renouvelable. Si conserver un jardin, système vivant évolutif et fragile, c'est gérer le temps, c'est aussi choisir, entre respect du patrimoine et liberté de création. Dans la vie d’un jardin, se posera la question de l’intervention. Toute intervention, que ce soit un entretien courant, une restauration ou la mise en place d’un plan de gestion, devra s’appuyer sur un diagnostic.
Le plan de gestion « jardin » mis en place par le ministère de la culture sur l’ensemble de ses domaines à partir de 2005 permet de conserver, d'accroître la valeur patrimoniale et environnementale du site, en tenant compte de son utilisation historique et actuelle. Il propose un mode de gestion adapté et des modes de gestions intermédiaires. Il fixe les moyens humains, les compétences professionnelles utiles à la gestion ainsi que les moyens financiers et matériels. Outil de conservation, le plan de gestion s’appuie généralement sur l’état du parc tout en laissant une possibilité d’évolution en fonction des projets de restauration. Le parc de Champs-sur-Marne est le premier domaine à avoir bénéficié de cet outil, en 2007.
Les questions portent sur le nombre de parcs et jardins protégés et sur le pourcentage entre les jardins publics et les jardins privés qui bénéficient de protection au titre des monuments historiques. Un débat s’engage sur le coût et l’intérêt du plan de gestion.
Exemple du plan de gestion du jardin des Archives nationales à Paris : Joseph Lenoir, jardinier au Ministère de la culture
Joseph Lenoir présente son expérience personnelle du plan de gestion du jardin des Archives nationales. En plein cœur de Paris, le site des Archives nationales se situe dans le 3e arrondissement, dans le quartier très fréquenté du Marais. Chaque année, environ 150 000 visiteurs empruntent la traversée ppaysagère. Joseph Lenoir a mené seul le plan de gestion en faisant appel à des prestataires extérieurs pour les diagnostics techniques. Un plan d’action accompagné d’un planning d’entretien a été défini pour la gestion au quotidien (les gazons, la prairie fleurie, le ratissage et désherbage, la réfection ponctuelle, la gestion de la strate arbustive, nettoyage, taille, traitements, etc.) sans oublier la gestion du mobilier urbain mis à disposition des visiteurs et la signalétique. La gestion des arbres et les tailles architecturées sont confiées à une entreprise extérieure.
Exemple d’un plan de gestion d’un parc historique privé du Loiret : Michèle Quentin, déléguée de l’association des parcs et jardins de la région Centre Val-de Loire (APJRC)
Michèle Quentin expose la problématique des propriétaires privés désirant aménager leur parc pour une ouverture au public. Comment leur donner une vision globale de leur site en préalable à un plan de gestion, en leur apportant une connaissance du lieu et des premières réflexions ? Il est nécessaire d’identifier chaque type de paysage présent dans le territoire concerné afin de déterminer une ambiance propre et spécifique au site. L’analyse se poursuit par des recherches historiques, la prise en compte de tous les éléments cartographiques, les contraintes réglementaires et les servitudes. L’étude de vues aériennes permettent de constater les diverses évolutions du site au cours du temps. Ce travail d’étude permet de définir le contexte du jardin. La mesure des potentialités et des contraintes du site, des usages et des objectifs des propriétaires, permet d’envisager un parti pris paysager.
Un travail sur le terrain complète l’étude : inventaire du patrimoine végétal et bâti et du système hydraulique ; identification des principales « entités » paysagères du site ; repérage des ambiances ; repérage des principales stations végétales ; repérage des cheminements et des liaisons ; recensement des besoins et des usages. Chaque étape est enrichie par la vérification des permanences des structures avec le plan ancien : les pleins, les vides, les axes. Ces réflexions préalables permettent au propriétaire/gestionnaire d’aborder avec justesse et sérénité l’élaboration d’un plan de gestion complet.
Débat avec les participants
Les participants demandent des précisions sur la gestion au quotidien d’un jardin historique avec l’établissement du plan d’action et du planning d’entretien. Divers tableaux leur sont montrés avec les actions à mener (tonte, désherbage sélectif, découpe des bordures, tailles, ramassage des feuilles, nettoyage…) et leurs modalités d’action (périodes d’intervention et temps consacré).
VISITES :
Visite des jardins de la Granja sous la conduite de Juan Fernando Carrascal et Alfonso Huidobro
Le palais de La Granja de San Ildefonso a été aménagé dès 1721 pour Philippe V. Les jardins ainsi que le système hydraulique complexe sont l’œuvre de trois français : l’architecte René Carlier, élève de Robert de Cotte, le jardinier Étienne Boutelou et l’ingénieur militaire Étienne Marchand qui dirige les travaux de terrassement.
Ces jardins réguliers sont aménagés sur les contreforts de la Sierra de Guadarrama qui permettent d’avoir un important réseau d’eau. Des fontaines et des bassins ponctuent ce jardin en forte pente. La dénivellation étant importante, l’eau retenue dans le grand bassin en haut du jardin alimente une cascade monumentale et toute une série de fontaines avec des jets d’eau pouvant aller jusqu’à 45 mètres de haut. De part et d’autre de cette cascade, des parterres et des bosquets s’organisent.
La restauration de ces jardins est en cours, le modèle retenu est celui des jardins de Versailles par l’architecte en chef Pierre-André Lablaude.
Présentation de la restauration des jardins d’Aranjuez : Maria de Mar García Herguido, responsable des jardins d’Aranjuez
Le palais médiéval d’Aranjuez devient propriété royale sous Philippe II en 1561. Il est entièrement reconstruit au XVIIIe siècle. Les jardins ont été aménagés dans un site très riche en eau, et sont ponctués d’embarcadères et de pavillons. Les jardins actuels se déclinent en trois parties : Jardin del Palacio, Jardin de la Isla et Jardin del Principe.
Un recueil de plans a été réalisé en 1758 par le castra Farinelli. Vers 1784, l’architecte Esteban Boutelou (fils) donne des plans qui ne seront pas tous réalisés. Claudio Boutelou publie un traité sur les fleurs en 1804.
Des fouilles archéologiques ont permis de mettre au jour et de mieux connaître certaines parties des jardins pour engager la restauration.
MADRID
Mercredi 7 Mars 2018 :
Journée de formation au Parc du Buen Retiro
ECHANGES :
Théorie et pratique de plans de gestion de jardins : Joseph Lenoir, jardinier au Ministère de la culture et Pierre Bonnaure, jardinier en chef du Palais de l'Élysée
Pierre Bonnaure explique comment les plans de gestion ont été mis en place dans les jardins de l’État en France. Joseph Lenoir présente son expérience personnelle du plan de gestion du jardin des Archives nationales à Paris.
Les questions des auditeurs portent sur : les modalités de mise en place d’un plan de gestion, de sa durée et de son coût, de l’intérêt des études historiques et de l’importance du savoirfaire des jardiniers.
Les événements et animations organisés dans les jardins historiques : Pierre Bonnaure, jardinier en chef du Palais de l'Élysée, Joseph Lenoir, jardinier au Ministère de la culture et Michèle Quentin, déléguée de l’association des parcs et jardins de la région Centre Val-de-Loire
Le sujet est la gestion et les problématiques dans un jardin historique ouvert au public et accueillant de nombreux événements culturels. L’accueil de ces événements nécessite une gestion au quotidien (entretien du jardin, des arbres, réfection, prise en compte du mobilier urbain et de la signalétique…) et une gestion particulière en fonction du type d’événement. L’ampleur de la manifestation doit être adaptée à la capacité d’accueil du site ainsi que l’adaptabilité du lieu. Il est nécessaire de procéder à des réunions de coordination et de mise en place des installations spécifiques pour les divers événements (plan d’installation, montage, définition des besoins techniques, préconisations d’installation, état des lieux avant la manifestation…). L’accent est mis sur la nécessité de la présence du gestionnaire de l’espace durant le montage des installations, et de personnel spécialisé dans les questions de sureté-incendie et de surveillance. La gestion post-événement est également abordée avec la rédaction d’un constat et d’un état des lieux, la création d’un tableau des sinistres éventuels et la remise en état du jardin.
Débat avec les participants
Les participants demandent des précisions sur le type d’événements accueillis dans les jardins : événements annuels récurrents et événements ponctuels (concerts, réceptions, tournages de films, etc.) ainsi que sur les dispositions de mise en place (aspect administratif, juridique, technique et sécuritaire, cahier des charges, problèmes d’assurances, gestion des dégradations, etc.).
Présentation du Capricho de la Alameda de Osuna : Isabel González-González, Directora Conservadora de Parques Históricos
Le Capricho (Folie) de la Alameda de Osuna a été créé par une femme pour une femme, la duchesse Josefa de Pimentel de Osuna à la fin du XVIIIe siècle. Cette femme des Lumières voulait mettre en scène la science et l’art sur les terres qu’elle achète dans le village de Osuna. Femme de grande culture, elle possède une importante bibliothèque et voyage en Europe où elle découvre les jardins paysagers. Elle engage, pour réaliser son jardin pittoresque à Osuna, un architecte, un scénographe et un jardinier. Les travaux ont lieu entre 1783 et 1807 sur les 17 hectares de la propriété. Le domaine est annexé par l’État pendant la guerre civile et devient le quartier général de l’armée, il est ensuite laissé à l’abandon jusqu’en 1975 où la mairie de Madrid l’achète. La restauration est engagée en 1986 par la paysagiste Carmen Añón Feliú. Un schéma directeur (histoire, moyens physiques et financiers, analyse de l’état, calendrier, etc.) est mis en place et fait appel à des intervenants pluridisciplinaires. La question principale était de prendre un parti soit de restauration soit de réhabilitation, cette dernière option a été choisie.
Des fouilles archéologiques ainsi qu’une sérieuse étude historique (recherche de cadastres, de plans historiques, de documents photographiques, etc.) ont permis d’engager les travaux entre 1987 et 2001 en s’adaptant au budget de la mairie. Entre 2001 et 2017, une évaluation des besoins (très proche d’un plan de gestion) a été mise en place.
Après la restauration, le jardin a subi une forte affluence, il a donc été décidé de ne l’ouvrir que 3 journées par semaine (mercredi, samedi et dimanche) et de ne pas accueillir plus de 1 000 personnes les jours d’ouverture. Tous les espaces sont ouverts au public, 6 gardiens et des jardiniers en prennent soin.
Protection et gestion des jardins historiques de la Ville de Madrid : Pilar Sarmiento Martín, Subdirectora General de Parques y Viveros
Les jardins historiques publics de Madrid sont ouverts à tous sans restriction sauf la Alameda de Osuna. Le plan général d’urbanisme de la Ville de Madrid prenant en compte le patrimoine a été voté en 1997. Différents services (inventaire, commission du patrimoine historique et artistique) donnent des préconisations. Neufs jardins madrilènes sont protégés comme biens d’intérêt culturel (BIC) : Casa de Campo, Buen Retiro, Parque del Oreste, Parque de la Fuente del Berro, Alameda de Osuna, Quinta de los Molinos. La loi sur le patrimoine date de 1985, d’autres loi existent dans les différentes communautés. Au Pays Basque, la loi ne prend pas en compte les jardins.
Un plan spécial de protection, usage et gestion est en cours de préparation pour tous les jardins historiques par une équipe pluridisciplinaire sous la tutelle du service d’urbanisme. Les contraintes comme la programmation, l’histoire, l’évolution, la législation, les directives 8 européennes, la planification, etc. doivent figurer sur ce plan spécial. Une étude financière et économique y est toujours associée. Le plan est également soumis à une enquête publique durant laquelle les citoyens peuvent donner leur avis.
Le service des espaces verts gère aussi des jardins contemporains, des espaces forestiers et les pépinières municipales.
L’entretien des parcs est réalisé, en grande partie, par une entreprise extérieure. Des contrôles sont effectués deux fois par an par la Ville. Les vieux arbres sont aussi inspectés 2 fois par an. Les choix d’entretien mènent vers une gestion de plus en plus écologique en abandonnant progressivement les produits phytosanitaires.
L’entretien du Retiro et de la Casa de Campo est réalisé par des jardiniers municipaux et une entreprise extérieure. Le coût d’entretien du Buen Retiro est de 2,83 euros au mètre carré. Un jardinier de la Ville gagne environ 1 250 euros par mois, les salaires sont un peu plus conséquents dans le privé.
VISITES :
Visite du parc du Retiro sous la conduite de Pilar Sarmiento Martín, Francisco Javier González Martín, Guadalupe Romero Meléndez et Mayte Rodríguez Domingo
Le parc du Buen Retiro était une propriété royale aménagée au XVIIe siècle pour Philippe IV. C’est aujourd’hui un parc public au cœur de Madrid. Grand parc paysager, contenant des parties régulières, il conserve de longues avenues bordées d’étroits canaux d’irrigation, vestiges du modèle islamique.
La journée se termine par une visite commentée du Capricho de la Alameda de Osuna sous la conduite de Juan, le chef jardinier et de Isabel González.
Créé à la fin du XVIIIe siècle par la duchesse d’Osuna, dans un style pittoresque, ce jardin conserve de nombreuses fabriques : temple de Bacchus, rucher ornemental, pavillon de danse, garage à bateaux et embarcadère, forteresse miniature, ermitage, maison rustique, etc. Un jardin régulier assure la transition entre l’entrée et le palais néo-classique. En 1974, la ville de Madrid acquière le domaine et commence des travaux de restauration jusqu’en 1999. Un labyrinthe a été récemment restauré. Le reste du domaine bénéficie des vallonnements pour le parc paysager. On observe une importante richesse botanique et un soin particulier apporté à la conservation des espèces plantées à l’origine. Le site est préservé par une ouverture ponctuelle. Ce mode de fonctionnement, associé à une gestion réussie du jardinier permet d’apprécier le jardin et de retrouver l’ambiance caractéristique de son époque de création avec les évocations de la fête, du jeu, de l’émotion et de l’influence du siècle des Lumières. El Capricho est un exemple parfait de cette considération de monument vivant qui implique la reconnaissance d'une série de valeurs patrimoniales très différentes qui en font un atout culturel où doivent nécessairement intervenir, en raison de sa complexité, un large éventail de professionnels et le « geste du jardinier ».
BARCELONE
Vendredi 9 mars 2018 :
Journée de formation au jardin : Laberinto de Horta
ECHANGES :
Histoire et gestion des topiaires : Pierre Bonnaure, jardinier en chef du Palais de l'Élysée
Pierre Bonnaure présente l’histoire des topiaires grâce à de nombreux documents iconographiques anciens. Les topiaires de Versailles mesuraient entre 1,60 et 2 mètres mais il en existait de plus grosses, elles n’étaient pas les plus extravagantes non plus. Il explique que la taille à l’aide d’un gabarit affaiblit beaucoup les végétaux en les empêchant de pousser et de se développer car ça les épuise vite. Il montre aussi la différence entre la formation des topiaires et l’aménagement des parterres de broderies.
Les tailles architecturées : formation, entretien et gestion : Jean-Michel Sainsard, expert parcs et jardins au ministère de la culture
La palissade est un élément majeur de composition des jardins réguliers, Antoine Joseph Dézallier d’Argenville dans son ouvrage La Théorie et la pratique du jardinage publié en 1709 la décrivait ainsi : « Les palissades, par l'agrément de leur verdure, sont d'un très-grand secours dans les Jardins, pour couvrir les murs de clôtures, pour boucher et arrêter la vûe dans de certains endroits; c'est par leur moyen qu'on ne découvre point tout d'un coup l'étendue d'un Jardin, qu'on en corrige, qu'on en rachète les biais et les coudes des murs. Elles servent encore à renfermer, à border les quarrés de bois, et à les séparer des autres pièces du Jardin. La forme la plus commune des palissades, est une grande longueur et hauteur tout unie, formant une muraille ou tapisserie verte, dont toute la beauté consiste à être fort garnie, surtout par le pied, peu épaisse et bien tondue des deux côtés à pied droit: on les tond ordinairement en éventails, en rideaux et en banquettes, selon la nature du lieu ».
Si le jardin de Cordès en Auvergne, conserve des palissades du XVIIe siècle, les palissades ont généralement été délaissées au XIXe siècle. Elles sont réapparues tout au long du XXe siècle notamment lors de la restauration de Champs-sur-Marne en 1895 ou à l’occasion des récents travaux de restauration du parc de Versailles. Se pose alors la question de la composition, de la gestion ou de la restauration avec pour résultat de renouer avec des techniques forestières ou rurales très anciennes.
Projection d’une vidéo sur la taille au croissant réalisée au domaine national de Champs-sur-Marne
À l’occasion d’une thématique des Rendez-vous aux jardins portant sur « Le jardinier et ses outils », le ministère de la culture a fait réaliser un film sur la taille des palissades à l’aide d’un croissant.
Gilles Lebobe est jardinier, mais ce n’est pas un jardinier ordinaire. C’est un jardinier sculpteur qui taille les arbres au croissant comme on taille la pierre. Il conserve les proportions et protège la composition architecturée de son jardin.
Technique ancienne, la taille au croissant doit être préservée. Elle présente en effet de nombreux avantages par rapport à une technologie coûteuse, souvent destructrice et invasive dans les jardins. L'entretien d'un jardin historique ne suppose-t-il pas aussi que l'on entretienne les gestes qui en font la forme particulière ?
EXPERIENCES :
Session pratique de taille de topiaires : Pierre Bonnaure, jardinier en chef du Palais de l'Élysée et Jean-Michel Sainsard, expert parcs et jardins au ministère de la culture
Tous les participants sortent dans le « jardin domestique » en contrebas du bâtiment et s’exercent à la taille avec et sans gabarit. Les jardiniers sont particulièrement attentifs et posent de nombreuses questions avant de s’exercer eux-mêmes à la pratique de taille des topiaires.
Parallèlement, des questions sont posées sur les maladies de dépérissement des buis (Volutella buxi, Cylindrocladium buxicola et la pyrale du buis) et les traitements proposés en France. Ces échanges ont donné lieu à des prises de contact avec les scientifiques français (Plantes et Cité, Inra d’Orléans, etc.) qui travaillent sur ces sujets.
La politique en faveur des jardins au ministère de la culture : Marie-Hélène Bénetière, historienne de l’art des jardins, chargée de mission pour les parcs et jardins au ministère de la culture
Marie-Hélène Bénetière explique la politique du ministère de la culture pour valoriser les jardins. Les stratégies institutionnelles passent par des événements nationaux du type « Rendez-vous aux jardins », par des campagnes de promotion vers le jeune public « Adoptez un jardin », mais également par des labels tel le « Label jardin remarquable ». En outre, le site Internet du ministère met à disposition de nombreuses informations et documents, dont un cours en ligne intitulé « Les jardins : un patrimoine à conserver et à valoriser ».
Les questions portent principalement sur la manifestation annuelle Rendez-vous aux jardins.
Les jardiniers d’art du ministère de la culture : Pierre Bonnaure, jardinier en chef du Palais de l'Élysée, Joseph Lenoir, chef jardinier aux Archives nationales et Jean-Michel Sainsard, expert parcs et jardins au ministère de la culture
Le ministère de la culture compte parmi les plus grands gestionnaires de jardins historiques. Ce sont les anciens domaines de la Couronne devenus domaines nationaux (Versailles, SaintCloud, Saint-Germain-en-Laye, Pau, Compiègne).
Ils possèdent la particularité d'être entretenus par un corps très ancien de jardiniers, appelés autrefois jardiniers du roi et désormais appelés « jardiniers d'art ».
Être jardinier d’un domaine de l’État, c’est entretenir et valoriser des savoir-faire spécifiques. C’est également transmettre la mémoire des gestes et du lieu et la communiquer quotidiennement, et souvent avec passion, aux amateurs de jardins.
Il existe trois grades différents : chef de travaux d’art, technicien d’art et adjoint technique. En 2018, près de 200 jardiniers d’art entretiennent les jardins des domaines nationaux. Sous la responsabilité du directeur ou de l’administrateur du domaine, les jardiniers d'art entretiennent, conservent, mettent en valeur les jardins. Parfois, ils les restaurent sous le contrôle scientifique et technique des DRAC (Direction régionale des affaires culturelles). Leurs tâches sont très variées et demandent d’importantes connaissances dans des domaines aussi divers que l’horticulture, l’hydraulique, l’étude des sols, la chimie ou la mécanique, relevant de savoirs anciens ou de technologies plus novatrices.
Les jardiniers d'art participent aux travaux d’entretien courant comme la tonte des pelouses, la taille des arbres ou des arbustes, l’arrosage, la plantation des végétaux, l’entretien des allées, etc., mais aussi à la conception de massifs floraux, éventuellement à la mise en place de systèmes d’arrosage ou de drainage, à la taille des topiaires ou des broderies ou à la création de mosaïcultures qui relèvent de compétences plus spécifiques.
Le débat s’engage sur la mise en place du corps des « jardiniers d'art ».
Les échanges sont clos sur un proverbe bolivien « le passé est derrière nous ».
VISITES :
La journée se termine par une visite commentée du Labyrinthe d’Horta sous la conduite de Lluís Abad, maître-jardinier et historien des jardins. Aménagé sur les hauteurs de Barcelone et offrant une vue sur la ville et sur la mer, le 12 Labyrinthe d’Horta est un parc public qui, en outre, accueille les formations du service des espaces verts de la Ville de Barcelone. Aménagé à la fin du XVIIIe siècle, cette résidence d’été est installée dans la pente. Au point le plus haut du jardin, un réservoir d’eau, masqué par une grotte, permet d’alimenter un grand bassin carré ainsi que tout un système hydraulique par déclivité. Dans la partie basse du jardin, un labyrinthe en cyprès est encadré par un temple monoptère. Dans le vallon, un parc paysager, très naturel, est aménagé.
Le principal problème posé par ce jardin, outre sa sur-fréquentation, est la programmation de la restauration du labyrinthe soit en totalité, ce qui implique une fermeture longue, soit par tronçons. Le débat reste ouvert.
À l’issue de ce séjour de 4 jours riche en découvertes et en échanges, les participants français et espagnols souhaitent poursuivre leur collaboration.
Depuis notre retour, des échanges de documents se sont réalisés et des rencontres ont eu lieu après le séminaire en Espagne.
Des mises en contact avec des organismes scientifiques ont permis d’échanger sur les méthodes appliquées aux maladies végétales (exemple pour la pyrale du buis).
Les participants espagnols à Madrid
Ville de Madrid
Isabel González González, Directora Conservadora de Parques Históricos.
Francisco Javier González Martín, Subdirección General de Parques y Viveros.
Guadalupe Romero Meléndez, Jefe de División, Jardines del Buen Retiro.
Mª Pilar Sarmiento Martín, Subdirectora General de Parques y Viveros.
Santiago Soria, Subdirección General de Parques y Viveros.
Laura Pérez Mediavilla Restauradora del Jardín, ACCIONA.
Ainara Echarte Álamo.
Mayte Rodríguez Domingo.
Juan del Barrio.
Antonio Morcillo
Patrimoine Nacional
Nilo Fernández, Delegado para los Reales Sitios de La Granja y Riofrío.
Juan Fernando Carrascal, Ingeniero técnico forestal, Servicio de jardines y Montes.
Mar García Herguido, Ingeniero técnico agrícola, Servicio de jardines y Montes.
Alfonso Huidobro, Ingeniero técnico forestal, Servicio de jardines y Montes.
Ángel Muñoz, Jefe de Servicio de jardines y Montes.
Ricardo de la Torre, Ingeniero técnico agrícola, Servicio de jardines y Montes.
Patricia Chicharro Hernández, U.T.E Valoriza&San José.
Sonsoles Durán Mogedano, U.T.E Valoriza&San José.
Rafael Pavón Bautista, U.T.E Valoriza&San José.
Francisco Sempere Martín, U.T.E Valoriza&San José.
Santiago Soria Ruiz-Ogarrio, U.T.E Valoriza&San José.
Ana Carmen Levin Berdonces.
Luis Hiermanx Candelas, Ingeniero de Montes.
Les participants espagnols à Barcelone
Izaskun Martí, Ingeniera agrónoma, Directora de Conservación, Miembro de la comisión interna de jardines históricos.
Montse Rivero, Historiadora y técnica especialista en jardinería, Adjunta a la gerencia de Parques y Jardines, Miembro de la comisión interna de jardines históricos.
Teresa Garcerán, Filóloga, paisajista y técnica especialista en jardinería, Miembro de la comisión interna de jardines históricos.
Lluís Abad, Maestro jardinero, Miembro de la comisión interna de jardines históricos.
Albert Cubeles, Historiador y técnico especialista en jardinería, Miembro de la comisión interna de jardines históricos.
Amadeu Vila, Maestro jardinero, Miembro de la comisión interna de jardines históricos.
Marga Parés, Bióloga, Programa de biodiversidad.
Antonio Garcia Bravo, Jefe del área de recursos.
Lourdes Carreras, Técnica especialista en jardinería, Jefa de zona con jardines históricos a su cargo.
Vicens Ferrer, Maestro jardinero, Jefa de zona con jardines históricos a su cargo.
Albert Francolí, Diplomado en jardinería, Jefa de zona con jardines históricos a su cargo.
Jordi Rodríguez, Ingeniero técnico agrícola, Jefe de zona con jardines históricos a su cargo.
Joan Guitart, Ingeniero técnico agrícola, Jefe de arbolado y responsable de la comisión de árboles de interés local.
Santiago Duarte, Técnico especialista en jardinería, Técnico de arbolado.
Jordi Catalán, Maestro jardinero, Técnico de arbolado.
Elisenda Lurbes, Ingeniera técnico agrícola, Técnica de arbolado.
M.Pau Navarro, Ingeniera técnico agrícola, responsable de sanidad vegetal.
Ramón Jiménez, Técnico especialista en jardinería, responsable de formación.
Cristóbal Blaya, departamento de formación.
Octavi Borruel, Biólogo, Programa de biodiversidad.
Joan Bernat Martin, Técnico especialista en jardinería, programa de biodiversidad.
Conservadores
Mónica Bordàs, Técnica especialista en jardinería. Conservadora.
Cristina Begué, Ingeniera técnico agrícola. Conservadora.
Àngels Martínez, Técnica especialista en jardinería. Conservadora del Parque del Laberinto.
Ramon Feliu, Maestro jardinero. Conservador del Turó Park.
Juan Miguel Chamón, Conservador del parque de la Ciudadela
Jardineros
Turó Park : Vanessa Jado, Esperanza Huerta, Gerard Carbonell.
Parque del Laberint d’Horta : Xavier Gassó, Olaya Morgado, Bárbara Llorca, Antonio Perales, Ruben Alfonso.
Jardines de Costa i Llobera : J.J. Font Galindo, Mónica Galtés, Màrius Trigo.
Parque de Montjuïc. Zona Marquès de Comillas : David López i Marc Amador.
Parque de Montjuïc. Castell de Montjuic : Oscar Vela, Heribert Manrique, Mariano Peinado.
Parque de Montjuïc. Parque de Joan Brossa : Jordi Morata, Maria Blanes Dalmau i Carolina Carbonel Launois.
Parque de Montjuïc. Teatre Grec : Antonio Arjona, Juli Pérez, Pablo Salgado.
Jardines del Palacio de Pedralbes : Irene Martínez.
Parque de la Ciutadella : Javier Irazola Jiménez, Emilio Saenz Jiménez, Javier Serrano Garcia.
Rosaleda de Cervantes : Manuel Romero, Carlos Lindao.
Les participants français
Marie-Hélène Bénetière, historienne de l’art des jardins, chargée de mission pour les parcs et jardins au ministère de la culture.
Pierre Bonnaure, jardinier en chef du Palais de l'Élysée.
Joseph Lenoir, chef jardinier au ministère de la culture.
Michèle Quentin, déléguée de l’association des parcs et jardins de la région Centre Val-deLoire (APJRC).
Jean-Michel Sainsard, expert parcs et jardins au ministère de la culture.