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Berthault

Le célèbre « Le Nôtre du XIXe siècle »

Louis-Martin Berthault 
1770 (Paris) - 1823 (Tours)

 

Louis-Martin Berthault est un jardinier-paysagiste [1], architecte et décorateur français. Issu d'une lignée de maîtres-maçons et de jardiniers, il semble s'être formé auprès de ses oncles : Jacques-Antoine Berthault, entrepreneur parisien, et Pierre-Gabriel Berthault, graveur renommé qui collabora avec Ledoux. C'est à Pierre-Gabriel Berthault que l'on doit le seul ouvrage consacré à l'œuvre de son neveu : Suite de vingt-quatre vues de jardins anglais exécutés par Berthault, architecte de S.M. l'Empereur et Roi (1812).
Selon un document autobiographique, la vie professionnelle de Louis-Martin Berthault débute à Amiens en 1795. Il réalise le jardin d'Augustin Debray, riche négociant et maire de la ville sous le premier Empire. C’est grâce au banquier Récamier que Berthault doit les prémices de sa célébrité par la réalisation des décors de l’hôtel Necker (1798). Le succès de ces aménagements fait de lui un architecte « à la mode ». Il intervient pour toute la société du Directoire : Botot, secrétaire de Barras, dont il dessine le jardin sur la colline de Chaillot, la duchesse de Courlande pour qui il réalise un « boudoir turc », ou encore le munitionnaire Ouvrard dont il réaménage le parc à fabriques de Raincy (1799-1807). Ses clients sont nombreux et d’origines sociales variées :
- les financiers et spéculateurs : transformation du parc à l'anglaise pour Carvillon des Tillières au château de Pontchartrain (1801), reconstruction du château Seguin à Jouy-en-Josas (1801), etc.,
- la clientèle d'aristocrates de retour sur leurs terres après l’avènement de l’empire en 1804 : restauration pour le comte Molé au château de Champlâtreux, transformation des jardins à l'anglaise pour Christian de Lamoignon au château de Méry-sur-Oise, ou encore aménagement des jardins du château de Courson pour les Arrighi de Casanova (1822).
- la famille impériale : remaniement du parc (jardins à l’anglaise, rivière et temple de l’Amour) et adjonctions de décors et d’une galerie à Malmaison pour l’impératrice Joséphine (1805-1814), transformation du parc à l'anglaise du château de Saint-Leu pour la reine Hortense et son mari Louis Bonaparte, roi de Hollande (1805), réalisation des décors et aménagement des jardins pour le palais de Compiègne (1806).
Célèbre de son vivant, Louis-Martin Berthault est reconnu comme un décorateur doué et un jardinier-paysagiste de talent dont les tendances illustrent parfaitement les mutations stylistiques du début du XIXe siècle. Il fait preuve d’une grande imagination architecturale dans la conception des fabriques de jardin et répond aux exigences de sa clientèle en transformant les jardins existants dans un style irrégulier. Toutefois, il peut être considéré comme l’un des précurseurs des jardins de style mixte. « Son pragmatisme et cette aptitude particulière à capter ‘le génie du lieu’ lui valurent de son vivant le titre de ‘Le Nôtre du XIXe siècle’ »[1].

[1] Monique MOSSER, « BERTHAULT Louis-Martin (1770-1823) », Encyclopædia Universalis. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/louis-martin-berthault/

 

Son oeuvre en région Centre-Val de Loire 
 

 


28 - Dpt. Eure-et-Loir - Courtalain - Parc du Château de Courtalain - 1810 - pour le Duc de Montmorency (réalisation) 
Extrait de la Notice Mérimée [PA00097086] : Façades et toitures des dépendances (pressoir, étables, écuries, remises à voitures, grange, logements des domestiques et du régisseur, buanderie), pavillon d'entrée de la cour des communs, murs qui ferment ou subdivisent cette cour avec leurs portails, pavillon Caroline avec son décor, façades et toitures de l'orangerie, façades et toitures de la briquetterie et vestiges des fours, façades et toitures de la conciergerie, pavillons du jardin potager et son mur de clôture, douves (cad. A 4 à 8, 10, 11, 17 à 19 ; B 90, 76, 77) : inscription par arrêté du 10 mai 1991. Façades et toitures du pavillon de garde (cad. Arrou XW 36) : inscription par arrêté du 10 mai 1991. Parc paysager constitué de la prairie et des grandes perspectives autour du château (cad. A 1, 2, 6 ; B 322, 323), ainsi que ses éléments bâtis non encore protégés : glacière (cad. non cadastré), mur d'enceinte préservé autour des grands axes d'accès au château et aux douves le long du C.D. no 927 (cad. A 1 ; B 166), façades et toitures du pavillon de garde à l'entrée de l'allée d'accès aux douves depuis le C.D. no 927 (cad. B 96), façade méridionale et toiture du pavillon du jardinier et mur d'appui de la serre (démolie) (cad. A 3) : inscription par arrêté du 21 mai 1997.

Au cours du XVIe siècle, le château revient par mariage à Guillaume de Montmorency, le père du connétable Anne de Montmorency. Le domaine reste en possession de cette famille jusqu'au XIXe siècle. En 1730, les Montmorency chargent l'architecte Gabriel de Lestrade de construire de nouvelles dépendances et de remanier les décors intérieurs. A la Révolution, Anne-Léon de Montmorency émigre en Angleterre et le château est vendu comme bien national. Son fils Anne-Charles parvient à racheter Courtalain en 1813 et y fait de grandes transformations, comme la création d'un parc à l'anglaise par Louis-Martin Berthault

 


Pour citer l'article : Charlène Potillion. Louis-Martin Berthault (1770-1823), Le célèbre "Le Nôtre du XIXe siècle". APJRC. 2018.