Page 13 - APJRC Bulletin
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Le monde des jardins
désigne l’art lui-même, et le mot jardiniste, qui désigne l’artiste qui s’occupe de la jardinique. Enfin, j’adopte- rai encore le mot jardins-paysages, pour désigner les jardins dits paysages, paysagistes, anglais ou pitto- resques... »
Le jardiniste moderne
Amédée de Viart, vicomte de Viart (1809-1868), publie en 1819 un livre intitulé Le jardiniste moderne, guide des propriétaires qui s’occupent de la composition de leurs jardins ou de l’embellissement de leur campagne.
Le livre est vite épuisé et de nombreux libraires de- mandent à l’auteur une réédition en 1827. Néanmoins, en offrant au public cette seconde édition, le vicomte de Viart se plaint de plagiat de son œuvre dans un Traité paru en 1825. Ce qui montre bien le véritable engoue- ment pour les jardins à l’époque.
D’emblée, Viart évoque « le nouvel art des jardins, que l’on pourroit appeler la JARDINIQUE ayant pour but de faire jouir complétement des avantages et des plai- sirs que la nature réserve à l’homme sensible, ne peut produire son effet que dirigé par le génie, la raison et le goût.
Jardinique et jardiniste. Ces deux substantifs qui manquent dans notre langue, ne pourroient-ils pas y être admis, maintenant que le goût des jardins irréguliers est devenu si général ; et le mot JARDINIQUE n’expri- meroit-il pas bien l’existence de CET ART qui embrasse dans son ensemble, presque toutes les productions de la nature, qui sait les combiner à son imitation, avec le secours de l’architecture et de la sculpture, les effets les plus puissants pour émouvoir les sens, et même jusqu’à l’âme ; de CET ART qui, par les jouissance qu’il procure à l’homme en société, devoit prendre son rang parmi les arts libéraux avec lesquels il a tant de rapport ? et le nom de JARDINISTE ne distingueroit-il pas enfin l’artiste avoué qui crée les jardins, de l’ouvrier qui les cultive ?
Un jardin bien conçu doit, au moyen des objets qu’il comprend, faire des impressions vives sur les sens et l’imagination. LE JARDINISTE, ou compositeur de jar- dins, s’efforcera donc de captiver par un enchaînement harmonieux d’émotions diverses, causées par le rassem- blement des plus beaux effets que présente la nature champêtre dans ses variétés... Les premières études du jardiniste seront en conséquence l’exacte observa- tion des effets de la nature, ainsi que des objets qui les produisent ... De tous les OBJETS GÉNÉRAUX dont les tableaux de la nature se composent, QUATRE seulement sont à la disposition de l’homme ; ce sont : les sites, les plantes, les eaux et les constructions. Chacun de ces objets ayant des subdivisions particulières, leur diversité, leur choix, leur combinaison, constituent l’existence des jardins. Le ciel et la lumière, sur lesquels l’artiste n’a nul pouvoir direct, viennent cependant donner la dernière touche à ses compositions, s’il a bien su les ordonner. »
« Ce sont LES PLANTES qui colorent et modifient les sites, et contribuent par là à les embellir... La nature, en un mot, ne nous donne que les matériaux, et c’est au jardiniste de savoir les réunir, pour en obtenir les effets dont il doit embellir les jardins... L’étude et l’observa- tion de la nature, apprendront à varier les nuances du vert des plantations, pour leur faire produire beaucoup d’effet. Un vert foncé sur le devant fera paroître plus éloignée une partie de vert clair qui se trouve au delà ; le compositeur peut même suppléer dans ses tableaux à l’absence du soleil, ou en renforcer les effets, en gra- duant la teinte de ses groupes et de ses massifs, c’est à dire en plaçant le arbres du vert le plus clair du côté d’où vient le plus souvent la lumière, ceux d’un feuillage sombre d’un côté opposé, et les arbres d’une nuance moyenne entre les deux autres. » Amédée de Viart, Le jardiniste moderne, guide des propriétaires qui s’occupent de la composition de leurs jardins ou de l’embellissement de leur campagne. Paris, N.Pichard, 1827
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