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Le monde des jardins
Couleurs d’écorces
Quelques années plus tard, ce spécialiste des palmiers réitère sa prestation et nous entraîne dans une histoire bota- nique passionnante. Bien sûr, l’écorce est la protection de l’arbre. Bien sûr, certains arbres révèlent un tronc remar- quable, par la couleur, les motifs, les textures. Mais pourquoi ? Marc Jeanson décode l’écorce (voir les actes de la journée – intégralité du texte pages 18 à 22)
« En botanique, on parle d’écorce chez les dicotylédones et les conifères. A l’inverse, les palmiers et les bananiers sont monocotylédones et n’ont donc pas d’écorce mais des fibres... (au sujet des tissus constitutifs de l’écorce) Le plus extérieur, l’écorce du promeneur, est désigné scientifiquement par le terme de rhytidome ou suber. C’est une couche de cellules mortes, tuées par l’imprégnation progressive de leurs parois par une substance appelée subé- rine. Ce sont les propriétés imperméabilisantes de la subérine qui vont provoquer la mort des cellules. Une fois leurs parois imprégnées, ces dernières sont dans l’incapacité d’échanger avec le milieu extérieur et meurent. C’est la subérine qui confère au liège, entre autre, ses propriétés isolantes si prisées des producteurs de vins, notamment. La deuxième couche de l’écorce, située sous le rhytidome, est un tissu très fin, constitué de cellules vivantes, et appelé phellogène....
... Chaque observateur de la Nature a pu constater au contact des arbres, des arbustes et des lianes, que les écorces sont très diverses dans leurs aspects, leurs textures et évidemment leurs couleurs. Cette diversité s’ex- plique par la vie et l’évolution des trois couches constitutives de l’écorce au cours du temps.... ... On peut ainsi distinguer deux grandes catégories de rhytidomes et, au sein de ces différentes catégories diffé- rents types de suber. » En résumé, on distingue deux cas :
• Un phellogène unique se maintenant durant toute la vie de la plante avec soit un rhytidome lisse et grenu (ex hêtre, peuplier, figuier), soit un rhytidome liégeux (ex chêne liège)
• Plusieurs phellogènes se succédant durant la vie de la plante : • rhytidomes fibreux (ex Cryptomeria japonica, séquoia, Quercus robur, frêne) • rhytidomes en lanières (ex Carya, Pinus strobus) • rhytidomes en plaques : écorce plus dure (ex certains eucalyptus) • rhytidomes papyracés : écorce très souple, fine (ex cerisiers, bouleaux, Acer griseum) • rhytidomes en écailles (Platanus acerifolia, Pinus bungeana, Zelkova, Parrotia persica, Stewartia pseudocamellia)
« Les écorces peuvent être des lieux de biosynthèses ou de circulation de molécules issues de la biochimie végé- tale et incorporées dans des sécrétions de type latex, résines ou autres. C’est cette diversité de structures, de textures et de richesses biochimiques qui explique la grande diversité de cou- leurs des rhytidomes. Rouge tel les jeunes rameaux d’un cornouiller, bleu comme le tronc de certains eucalyptus, orange tel certains arbres du genre Bursera, ou jaune comme les jeunes branches de certains saules, les rhyti- domes peuvent également apparaître verts.
C’est le cas des rhytidomes très fins et translucides des érables jaspés. Par transparence les rhytidomes laissent apercevoir les cellules chlorophylliennes (vertes) localisées juste en dessous. Ainsi nous étonnent les écorces des Acer pennsylvaticum L. ou Acer capillipes Maxim ex. Micq. » De la couleur. Où l’on verra apparaître un égyptologue, un chimiste, un directeur des Gobelins, un écrivain, des jardiniers, des centaines de fleurs...
Historienne, Stéphanie de Courtois est venue au jardin à travers ses recherches sur le paysagiste Édouard André (1840-1911) et l’action de l’association Édouard André, dont elle est co-fondatrice et secrétaire. Elle est secrétaire du comité scientifique international « Paysages Culturels » de l’ICOMOS-IFLA, maître assistant associé à l’École Na-
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