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Le monde des jardins
tionale Supérieure d’Architecture de Versailles (Master « Jardins historiques, patrimoine, paysages ») et membre du laboratoire de recherche de l’ENSAV où elle poursuit ses recherches sur les jardins du XIXème siècle.
simultané des couleurs » pour l’appliquer aux arts de « la tapisserie, aux diverses sortes de peintures et d’im- pressions, à l’enluminure et à l’horticulture » : « Les applications que je me propose de faire à l’hor- ticulture sont de deux genres : les unes concernent spécialement l’assortiment des plantes dans les jar- dins d’après la couleur de leurs fleurs ; les autres se rapportent à la manière de distribuer et de planter des végétaux ligneux dans des massifs que je suppose avoir été dessinés d’avance ».
Michel-Eugène Chevreul (1786-1889) est un chimiste français connu pour son travail sur les acides gras, la saponification, la découverte de la créatine - c’est lui qui a inventé la stéarine (bougies) - et sa contribution à la théorie des couleurs. Ces travaux lui valurent la médaille Copley en 1857. Ses principales publications sur les couleurs sont : Mémoire sur l’influence que deux couleurs peuvent avoir l’une sur l’autre quand on les voit simulta- nément : lu à l’Académie des sciences, le 7 avril 1828,
Paris, 1828 Lire en ligne
De la loi du contraste simultané des couleurs et de l’assor- timent des objets colorés considérés d’après cette loi dans ses rapports avec la peinture, les tapisseries des Gobe- lins, les tapisseries de Beauvais pour meubles, les tapis, la mosaïque, les vitraux colorés, l’impression des étoffes, l’imprimerie, l’enluminure, la décoration des édifices, l’ha- billement et l’horticulture, Paris, Pitois-Levrault, 1839
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Dans cette dernière publication, la section IV est consa- crée aux applications à l’horticulture : « 732. M. le vicomte de Viart, dans un excellent ou- vrage sur l’art de faire les jardins, a proposé plusieurs mieux que j’adopte, parce que réellement ils manquant à la langue française. Tels sont les mots jardinique, qui
« La couleur a passionné le XIXème siècle et nom- breuses ont été les recherches pratiques sur ce sujet dans le domaine des jardins, à une période où les ex- plorations, les acclimatations et obtentions ouvraient des perspectives nouvelles et apparemment infinies en terme de matériel végétal disponible... »
Tout est dit, ces écrits auront une grande influence sur Édouard André et plus tard sur Gertrude Jekyll. »
Je vous recommande vivement de lire la suite du pas- sionnant article de Stéphanie de Courtois
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Théories sur la couleur
Déjà, l’argumentaire édité par le Ministère de la Culture pour la présentation des Rendez-vous aux jar- dins 2016 abordait les différentes théories sur la couleur et leurs répercussions dans le monde des jardins : « Dès le début du XIXe siècle, une approche scientifique de la couleur est proposée par Johann Wolfgang von Goethe dans son Traité des couleurs (Zur Farbenlehre, Tübingen 1810), où il présente les couleurs comme des mélanges d’ombre et de lumière et met en avant leurs effets sur l’affectivité et sur la rétine elle-même. Cette théorie est reprise par Eduard Petzold dans son ouvrage Le jardin paysager (Die Landschafts-gärtnerei) en 1853 dont un des chapitres a pour titre : « De l’importance de la couleur pour le jardin paysager ». Il écrit : « La cou- leur donne l’âme, la vie ; elle produit un effet sensuel sur le sentiment. Elle est la chair et le sang du paysage, et sans elle, la forme reste un squelette... Le jardinier peut faire beaucoup de choses par la disposition des cou- leurs, et ainsi, il est nécessaire qu’il connaisse les lois de la mise en couleur afin d’en user correctement. En France en 1839, le chimiste et directeur du dépar- tement des teintures de la manufacture des Gobelins, Eugène Chevreul, expérimente « la loi du contraste
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