Page 11 - Bulletin juin 2018
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L’actualité dans nos jardins
Le jardin paysager du Pré Catelan opère une agréable tran- sition entre le centre-ville d’Illiers-Combray et la campagne environnante de la vallée du Loir. Dessiné par Jules Amiot, le jardin est créé dans la seconde moitié du 19e siècle et classé au titre des monuments historiques en 1999. Le label « jardin remarquable » lui est attribué dès sa mise en place en 2004 par le Ministère de la Culture et de la Communi- cation. La promenade évolue entre des fabriques inspirées du Moyen Âge et de l'Orient, des ponts et rocailles, une grotte arti cielle, un ruisseau en serpentine et la fameuse al- lée d’aubépines rendue célèbre par l’écrivain Marcel Proust. Dès la n du 19e siècle, ce jardin d’à peine 1 hectare ouvre ses portes au public. En 1964, il devient la propriété de la commune. L’entretien et la restauration sont assurés depuis 1991 par le Conseil Départemental d’Eure-et-Loir. Le jardin est restauré à cette période : il n’est pas replanté à l’iden- tique mais reste dèle à l’esprit de la n du 19e siècle et conserve ses éléments architecturaux emblématiques.
Sur place, Pierre Thibaut et la chargée de mission de l’APJRC expliquent l’importance de commencer par arpen- ter le site pour comprendre le lieu, sa typologie, la transition entre les espaces aménagés, les vues ouvertes ou fermées sur le paysage environnant, une fabrique, ou encore un arbre remarquable, etc. Les chercheurs ont détaillé les di érentes typologies de l’Art des jardins avec leurs principales carac- téristiques pour permettre aux photographes de les identi er par la suite. Ainsi, un jardin régulier se dé nit principalement par un ou plusieurs axes de composition et de symétrie, des formes géométriques simples et des e ets de perspectives. Un jardin irrégulier présente quant à lui un aménagement donnant l’illusion d’e ets naturels. En n, un jardin mixte ré- unit les particularités des deux typologies. Positionnés sur la terrasse à l’arrière du château de la Rivière, la lecture régulière du site s’impose d’elle-même aux photographes.
Cette lisibilité est renforcée par la ligne des canaux, l’aligne- ment des arbres, etc. Dans ce cas précis, le photographe se poste dans l’axe principal de composition pour faire ressortir le rendu régulier de l’aménagement. L’objectif doit saisir et retranscrire la domination de l’homme sur la nature. Changement d’échelle au jardin du Pré Catelan où la ligne de conduite est plus subtile pour le placement du photo- graphe. L’objectif doit révéler le naturel de l’aménagement à travers la courbe de la rivière serpentine, l’ondulation des sentiers, l’étagement des plantations, la disposition appa- remment anodine des fabriques, etc. Le regard et l’attention se réveillent. Les questions techniques se précisent pour va- loriser le site : luminosité, couleurs des essences végétales environnantes, échelle, etc. Pierre Thibault donne les clés de lecture pour comprendre physiquement et intellectuellement l’espace a n de trouver les meilleurs points de vue photo- graphiques.
La nature éphémère et la fragilité de conservation des amé- nagements paysagers peuvent rendre di cile l’analyse de l’Art des jardins. Monument vivant, l’œuvre végétale et pay- sagère est un palimpseste. La photographie de jardin est une démarche indispensable à la recherche et au travail de l’inventaire car elle permet de donner un état du lieu à un moment donné et de garder une trace visuelle des aména- gements réalisés. L’objectif n’est pas de réaliser des clichés esthétiques, ni des détails de collections botaniques, mais plutôt de rendre compte du tracé et des aménagements paysagers du site. Cette journée témoigne également de l’importance du travail d’échanges entre le chercheur et le photographe puisque la restitution objective de l’image doit répondre à la compréhension et l’interprétation du site étu- dié.
Charlène Potillion.
Les prises de vues se poursuivent jusquà l'automne 2018 sur les six départements. À gauche, Roseraie de Blois (dpt.41) à droite, Jardin de la Javelière (dpt.45)
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